Prostitution : le Sénat supprime la pénalisation des clients et rétablit le délit de racolage

Le Sénat a supprimé dans la nuit de lundi à mardi la pénalisation des clients et rétabli le délit de racolage, points forts de la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution. Un revers pour ce texte soutenu par Catherine Coutelle, députée de la Vienne.

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Les Sénateurs ont adopté par 165 voix pour et 44 contre le texte profondément modifié des députés socialistes, voté en décembre 2013 à l'Assemblée nationale. Il prévoyait initialement d'abroger le délit de racolage instauré par Nicolas Sarkozy, et d'instaurer en contrepartie la pénalisation des clients.

La commission spéciale du Sénat a modifié la donne en réintégrant le délit de racolage, pourtant décrié par les associations sur le terrain, et a rejeté la sanction des clients. Elle a été suivie par les sénateurs en séance. Le texte devrait repartir en deuxième lecture à l'Assemblée. En cas de désaccord entre les deux chambres, ce seront les députés qui auront le dernier mot.

"La navette continue", ont d'ailleurs souligné les députés socialistes Catherine Coutelle et Maud Olivier, auteurs de cette proposition de loi. "Notre détermination et notre confiance restent intactes, notre but reste le même: permettre aux quelque 90% de personnes prostituées victimes de la traite, dans leur immense majorité des femmes, de sortir enfin de ce véritable esclavage moderne"

Le délit de racolage a été rétabli par 162 sénateurs, 142 UMP et 19 UDI-UC, tandis que 161 ont voté contre. Pour Esther Benbassa (écologiste), les conséquences du délit de racolage "sont terribles pour les personnes prostituées". "Il est tout bonnement impensable de rétablir ce délit qui a fait, en douze ans, la preuve de son inutilité en matière de répression des réseaux et de dangerosité à l'égard des personnes prostituées", a-t-elle poursuivi.

La pénalisation des clients avait le soutien des associations prônant l'abolition de la prostitution (Mouvement du Nid, Fondation Scelles, etc.). Mais des associations de prostituées (Strass, Bus des femmes, etc.) et d'autres qui leur viennent en aide (Act-up, Médecins du Monde) l'ont combattu, craignant de voir les prostituées poussées vers la clandestinité et encore plus à la merci des rares clients.

En France, où la prostitution est légale, on estime à environ 30.000 le nombre de prostituées, dont une majorité d'étrangères, issues notamment d'Europe de l'Est, d'Afrique, de Chine et d'Amérique du Sud.
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