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REPLAY. Vitoria-Gasteiz, une ville musée au Pays basque

L'Art dans la rue Artea karriketan

Vitoria-Gasteiz offre aux amateurs d’Art et aux esprits curieux un condensé de près de deux cents ans de productions picturales et sculpturales du Pays basque en trois lieux : le musée des Beaux-Arts, le musée d’Art contemporain Artium et… la rue.

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Vitoria-Gasteiz est la capitale de la Communauté autonome basque, et de la province d’Alava. Cette ville d’un peu plus de 250 000 habitants, construite à partir de son centre historique médiéval et de ses quartiers aux imposantes résidences aristocratiques et bourgeoises des XIXème et début des XXème siècles s’est considérablement développée dans les années 60 - 90.

L’Art y a depuis longtemps une place de choix, notamment la peinture et la sculpture. Pourquoi ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre.

Le Musée des Beaux-Arts d’Alava.

Situé dans le quartier cossu de la fin du XIXème début XXème, le palais Zulueta abrite l’une des plus belles collections de peintures d’artistes basques couvrant un siècle de création : de 1850 à 1950. Ces artistes sont de plain-pied dans leur temps et sont influencés par les courants contemporains européens qu’ils épousent. Citons : Sáez, Barroeta, de Lecuona, de Regoyos, Iturrino, de Echevarría, les frères Arteta, Zuloaga, Salaverría, de Zubiaurre.

Leurs œuvres témoignent du quotidien des habitants de ce pays : scènes rurales, processions religieuses, romerias, ateliers, pêcheurs. Un monde qui évolue et s‘urbanise, bascule vers l’industrie.

L’horreur de la guerre civile espagnole est également représentée par Aurelio Arteta. 

Fernando de Amárica. Personnage central du musée depuis 1962 et l’accord signé avec la fondation portant son nom. Natif de Vitoria-Gasteiz, il embrasse une vie de peintre après de brillantes études de droit mais pour lesquelles il n’était pas fait. Il est tout sauf un peintre « régionaliste » comme parfois on étiquette les artistes des périphéries. Son œuvre est puissante : ainsi les couleurs des paysages basques si contrastés qu’il saisit de façon incomparable.

Les reliques de Martioda. Martioda est un petit village près de Vitoria-Gasteiz où ont été conservées des reliques incroyables. Remarquablement restaurées, elles sont exposées depuis ce printemps 2023 au musée, dans ce qui fut la chapelle particulière des Zuloaga qui firent construire cet hôtel particulier au début du XXème siècle. Ces reliques sont le fruit de six ans de travaux de recherches et d'études. 

Ce musée des Beaux-Arts est propriété de la province d’Alava, plus précisément de la « Diputación » l’équivalent de nos conseils départementaux en quelque sorte mais avec beaucoup plus de pouvoirs, notamment celui de lever l’impôt ce qui n’est pas rien ! Ce qui a permis à l’institution d’acquérir l’hôtel particulier et de nombreuses pièces de collection.

Artium.

Artium est un peu la seconde partie du musée des Arts d’Alava. Le palais Zulueta en est le premier tome. Le second, Artium. Un bâtiment d’une simplicité totale, un peu austère même de prime abord. Pour accéder aux galeries, il faut descendre deux étages en sous-sol. Nous sommes dans ce qui aurait dû être une station d’autocars ou une galerie marchande ! 

Ici c’est l’art en Pays basque depuis 1950.

Point de départ, les années 50, une décennie bouillonnante avec d’immenses talents : Oteiza, Chillida, Basterretxea, Sistiaga, Ibarrola entre autres. Tout débute avec la folle aventure de la basilique d’Arantzazu construite… à partir des années 50. Francisco Javier Saenz de Oiza et Luis Laorga en sont les architectes. Les sculptures et peintures sont l’œuvre des artistes précédemment cités. Leur audace leur value la fureur du pouvoir franquiste (Oteiza ne sculpta-t-il pas 14 apôtres ? Les peintures de Basterretxea parurent bien trop avant-gardistes). Cette histoire est retracée dans la première salle de l’exposition proposée en 2023.

Tout au long de la visite, des œuvres immédiatement contemporaines de jeunes plasticiens basques (installations vidéo, résultats de happenings, installations collectives etc.) dialoguent avec celles des fondateurs de l’Ecole basque moderne de sculpture et peinture, ou les revisitent.

Les années 60 et 70 sont celles de la contestation. Des artistes vont même connaître la prison comme Ibarrola et Maria Dalapena.

Ce sont les années où la place des femmes est enfin reconnue. Esther Ferrer est sûrement alors l’artiste la plus emblématique de ce temps. 

Puis la nouvelle génération, bouscule tout quand bien même elle peut rendre hommage à ses illustres prédécesseurs. Pas facile de venir après des « monstres » ! Cette génération est en prise totale avec son temps comme ce fut d’ailleurs le cas des artistes des siècles précédents. Mais là sans aucun complexe et surtout sans qu’il y ait cette barrière d’autrefois entre « régionalistes », « localiers » et « grands » qu’une certaine intelligentsia se plaisait à établir.

Artium se veut pleinement inscrit dans son environnement, d’où cette ouverture sur le quartier avec ses espaces arborés, ses sculptures à l’extérieur, comme un continuum et une invitation à rentrer dans ce lieu incroyable. 

Et puis que ce soit aux alentours d’Artium, dans le quartier médiéval, puis dans les Postas ou Dato, sur la place Andre Mari Zuria, sur la place des Fueros ou vers le parlement basque puis avenue Portal de Foronda, partout il y a des sculptures à découvrir. Vitoria ? C’est un musée à ciel ouvert ! 

Les invité.es

Ana Arregi Barandiaran. Responsable culturelle du Musée des Beaux-Arts d'Alava, Ana décortique l'œuvre de son peintre préféré, Ignacio Diaz Olano qui a su saisir l'expression des personnages qu'il représente. Un maître en la matière. 

Cristina Armentia est historienne de l'Art au musée des Beaux-Arts d'Alava, elle partage avec nous sa passion pour Fernando de Amarica et les reliques de Martioda. Ces reliques étaient très à la mode dans la haute société aristocratique du XVIème et XVIIème siècles. Il s'agissait d'ossements qui auraient été ceux de saintes et saints, ici, Sainte Ursule, et qui étaient pieusement conservés dans les chapelles particulières de grandes familles.

Aingeru Torrontegi est responsable de l'accueil du public au musée d'Art contemporain Artium. Elle défend l'idée d'un musée ouvert et qui questionne l'Art. D'où un travail de pédagogie mené également avec les plus jeunes.

Kike Martinez Goikoetxea. Le conservateur du musée nous éclaire plus particulièrement sur ce jeu de miroir entre les toutes récentes générations de plasticiens basques et leurs aînés, ceux des années 50, 60 et 70 qui ont tant marqué la vie artistique et intellectuelle du Pays basque. Comment s'affranchir ? Quel chemin propre parvenir à trouver et définir ? Le défi est immense ! 

Musée des Beaux-Arts :

Adresse : Fray Francisco de Vitoria Ibilbidea, 8, 01007 Gasteiz,  

Téléphone : 00 34 945 18 19 18

Horaires : Fermé le lundi.

Du mardi au samedi : 10:00-14:00 / 16:00-18:30

Dimanche : 10:00-14:00

Jours fériés : 11:00-14:00

https://arteederrenmuseoa.eus/es/

Artium : musée basque d'Art contemporain.

Adresse : Francia Kalea, 24, 01002 Gasteiz, Araba

Téléphone : 00 34 945 20 90 20 

Horaires : Fermé le lundi.

Du mardi au vendredi : 11:00-14:00 / 17:00-20:00

Samedi et dimanche : 11:00-20:00

Jours fériés : horaires non précisés. 

https://artium.eus/es/

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