Les élections régionales auront lieu dans 3 mois. Valérie Pécresse, Claude Bartolone, Emmanuelle Cosse, Pierre Laurent ou Wallerand de Saint-Just seront candidats. Qui a le plus de pression ? Baromètre
Les régionales c'est dans trois mois. 100 jours exactement pour le second tour.
En ce début du mois de septembre, les candidats en Ile-de-France reprennent le chemin de la campagne qu'ils n'avaient guère abandonné pendant les vacances, mais un petit peu quand même. A eux, les petits matins frisquets devant les gares RER, le marathon des plateaux télés et radio et les soirées sous les lumières jaunâtres des gymnases Alain Mimoun ou Marcel Cerdan.
Avec pour chacun des enjeux différents. Qui a le plus le pression ? Tour d'horizon. Du plus stressé au plus décontracté du bulletin de vote.
Valérie Pécresse : une question de vie ou de mort politique
La candidate des "Républicains" ne se cache pas derrière son petit doigt. Le 13 décembre prochain, c'est stop ou encore. Si elle perd, elle ne siégera pas à la Région Ile-de-France. Pire, si la droite se plante en 2017, elle pourrait arrêter la politique.
Un constat lucide plus qu'une minauderie délicate. Valérie Pécresse a 48 ans. Les prochaines régionales auront lieu en 2021. Elle sait bien qu'en cas de défaite, l'étiquette de perdante pathétique lui collerait à la peau. Elle aurait alors bien du mal à contenir les ambitions de cette fameuse génération de terrain qu'elle promeut aujourd'hui. La mère dévorée par ses enfants, c'est vieux comme la mythologie.
Mais surtout, elle connaît la règle implicite des partis politiques. N'y sont respectés que les vainqueurs des élections. Les autres doivent quémander des protections et des investitures. Dans l'esprit de Valérie Pécresse, ces régionales en Ile-de-France sont l'équivalent de la case primaire 2016 pour Bruno Le Maire ou Nathalie Kosciusko-Morizet, ses camarades de génération. Diriger l'une des plus grandes régions d'Europe serait un tremplin idéal pour une candidature à l'Elysée. Un laboratoire de ses idées qui vaut tous les livres de programme du monde.
Rater la marche 2015, c'est 2022 qui s'envole. Et Valérie Pécresse n'a visiblement pas envoie de devenir la Michèle Alliot-Marie des années 2030.
Taux de pression : 100%
Emmanuelle Cosse : limiter les dégats
La candidate d'Europe-Ecologie ne se faisait pas trop d'illusion. Elle savait très bien qu'elle ne renouvellerait pas les scores des régionales de 2010. A l'époque EELV, c'est frais, c'est nouveau et ça pèse 16,5% des voix en Ile-de-France. Au vu des résultats aux municipales de Paris (encourageants) et aux européennes (décevants), elle pouvait compter dépasser les 10% . Mais ça c'était avant. Avant la crise. Avant que Placé ne rugisse et que Rugy ne se déplace.
Quelles peuvent être les conséquences sur l'électorat ? Difficiles à prévoir. Ce qui est certain en revanche, c'est que cela perturbe le début de campagne d'Emmanuelle Cosse. Patronne du parti, elle n'aura pas toute la tête à sa campagne francilienne. "Les écologistes sont en rang derrière moi", affirme-t-elle sur France3 Ile-de-France. Certes. La constitution des listes va être un casse-tête. Une compétition malsaine va s'engager entre les différentes listes d'Europe-Ecologie partout en France. Qui va faire le meilleur score en fonction des différentes alliances ?
Enfin les conséquences d'un mauvais score seraient également pratiques. Les 50 élus EELV à la région Ile-de-France constituent le plus gros groupe politique du parti dans une institution française. Cela veut dire des cotisations et des emplois dans les cabinets des vice-présidences qui disparaîtraient, promesse d'une crise après la crise dans un parti qui a des difficultés financières.
Taux de pression 75%
Nicolas Dupont-Aignan : la fin de l'innocence
Tous les romanciers vous le diront. C'est au deuxième livre que ça se corse. Et c'est pareil pour les disques, les films et le sexe. La deuxième fois, c'est le moment où il faut assurer. La politique n'échappe pas à la règle.
Avec son mouvement Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan entame un deuxième cycle d'élection avec comme objectif de faire mieux que la fois précédente. Les régionales de 2010 avaient été une excellente surprise en Ile-de-France. Un peu plus de 4% des voix. Il doit donc faire mieux avec un FN qui sera plus fort qu'en 2010 et une Pécresse mieux préparée. Pas évident.
A quoi sert Nicolas Dupont-Aignan ? Un reflux par rapport à 2010 casserait une dynamique, n'augurant rien de bon pour la seconde candidature de NDA à l'élection présidentielle. Un Dupont-Aignan qui s'estime encore un peu jeune pour finir comme Jean-Pierre Chevénement.
Taux de pression : 70%
Claude Bartolone : sur un air de coolspeed
Bartolone aura beau faire. Même en ayant avalé 5 Xanax, il apparaîtra toujours comme un petit nerveux. Et pendant cette campagne, il est à prêt à battre le record de mouillage de chemise en meeting. Transpire-t-il pour autant l'angoisse ?
Sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin cette semaine, il a calmé les ardeurs de ceux qui se voient déjà au Perchoir à sa place. Il ne faut pas analyser cela comme un indice de son peu de confiance en ses chances de victoire. Simplement sa vie politique ne s'arrête pas avec ces régionales. Contrairement à Valérie Pécresse, il n' a pas une obligation de victoire. Les élections seront mauvaises pour la gauche. S'il est emporté dans un tsunami bleu national, personne ne lui en fera de grief au PS. Il pourra toujours arguer qu'il était un candidat de dernière minute, avant tout pacificateur de son camp. Un homme dévoué à sa famille. C'est aux enterrements qu'on reconnaît les patriarches.
L'enjeu pour Claude Bartolone est celle de son influence au sein du PS dans la recomposition future après la présidentielle de 2017 quel qu'en soit le résultat. Une défaite trop nette affaiblirait évidemment son aura. Et à ce titre, la campagne où il devra naviguer entre les diverses composantes internes est presque plus importante que les deux soirs d'élection.
Taux de pression : 50 %
Pierre Laurent : comme d'habitude
Pour le patron du Parti communiste, la problématique est semblable à celle de Claude Bartolone. A une moindre ampleur. Si Barto est un "candidat de dernière minute", lui est "un candidat malgré lui". Au printemps dernier, il déclare ne pas vouloir se représenter aux régionales sur le plateau de France 3. Un mois plus tard, il s'affiche tête de liste. La volte-face d'un garçon serviable. Il doit peser de tout son poids dans les négociations engagées avec les tumultueux cousins du Parti de gauche pour faire liste commune. Les relations avec la team Mélenchon en Ile-de-France sera son plus gros souci.
Car sinon, le Front de Gauche, à chaque élection de scrutin par liste, oscille entre 5 et 10% dans la région, depuis des années. Une régularité qui est une tranquillité. Certes à un moment donné, il faudra bien valider dans les urnes le discours d'une France qui serait en attente d'une autre politique à gauche. Mais ça c'est prévu pour 2017. Après, ce ne serait pas mal que Pierre Laurent lève un peu les inconnues de son équation personnelle en terme de notoriété.
Taux de pression: 40%
Tranquille comme Saint-Just
Marine Le Pen viendra lancer la campagne régionale de Wallerand de Saint-Just le 14 septembre prochain en Essone. Mais au FN, on attend les cadeaux de Noël du côté des régions PACA et Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Pas dans la région capitale.
Wallerand de Saint-Just a un seul objectif : que son parti fasse son retour dans l'hémicycle du conseil régional d'Ile-de-France. Pour cela, il doit dépasser 10%. Un seuil facilement atteignable au vu des sondages et des derniers résultats électoraux dans la région, notamment en seconde couronne. Tout le reste sera du bonus.
Et puis au moins, cette fois-çi, il pourra voter pour lui.
Taux de pression: 25%
Nathalie Arthaud : candidate automatique
Rencontrée lors de la dernière fête de Lutte Ouvriere, Nathalie Arthaud croyait déjà avoir été candidate en Ile-de-France, confondant avec les élections européennes de 2009.
De toute façon, elle ne présentera pas de programme régional. Elle est candidate pour s'exprimer dans les médias. "Parce que vous croyez que les autres partis ne se servent pas des régionales comme répétition pour la présidentielle ?", répond-elle quand on la questionne sur son absence de propositions strictement locales. Argument imparable. 1998 est loin, quand Arlette Laguiller réussissait à se faire élire conseillère régionale d'Ile-de-France. Mais c'était un autre mode de scrutin.
Taux de pression: 0%