Trois personnes ont été tuées et 13 blessées, dont quatre très grièvement, samedi soir dans l'incendie d'un immeuble d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis,
dont des résidents affirment qu'il était squatté et insalubre.
Un premier bilan avait fait état de deux morts, mais un blessé est décédé dans la nuit à l'hôpital.
L'origine du sinistre demeurait inconnue en milieu de nuit. Un résident a fait
état devant des journalistes d'un "cocktail molotov" qui aurait été lancé durant
une bagarre entre occupants de l'immeuble, thèse qui n'était en rien confirmée.
La ministre du Logement, Cécile Duflot, venue sur les lieux de l'incendie, a qualifié
l'immeuble "d'ancien", datant des années 1920 mais ne "présentant pas de caractère
d'alerte particulier".
Mais pour Evelyne Yonnet, première adjointe au maire chargée de l'habitat, il
s'agit d'"une copropriété très mal gérée, avec des problèmes de squat".
"Il y avait déjà eu des plaintes de résidents", a-t-elle déclaré à la presse,
précisant que les services de la mairie y étaient "intervenus à plusieurs reprises",
notamment pour des opérations de dératisation et désinsectisation.
Cet immeuble, situé au 4 rue Ernest-Prévost, comprend sept niveaux. L'incendie
a éclaté à 22h10 au troisième étage et s'est propagé vers le 4ème, selon le préfet
de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert. Le feu a été maîtrisé vers 23h45. Une
soixantaine de personnes se trouvaient dans le bâtiment samedi soir.
Selon lui, outre les morts et blessés, une vingtaine de personnes ont été traitées
pour avoir inhalé des fumées.
Au moins une des personnes décédées est morte brûlée au 3ème étage, une autre
s'est tuée en se défenestrant pour tenter d'échapper aux flammes.
Le lieutenant-colonel Frédéric Le Testu, porte-parole de la Brigade de sapeurs-pompiers
de Paris, a précisé que trois ou quatre occupants de l'immeuble s'étaient défenestrés.
"j'ai crié, comme tout le monde".
Près de deux cents pompiers ont été engagés pour lutter contre le feu et évacuer
les résidents.
Le général Gilles Glin, commandant des sapeurs pompiers de Paris également présent
sur place, a précisé que ses hommes avaient procédé à 17 sauvetages, la plupart
grâce à des échelles.
"J'étais chez moi, j'avais pris une douche, quand j'ai entendu un copain qui m'a
dit +sors, sors+!", a raconté à l'AFP un résident, Ali Belmadi. "Mais je ne pouvais
pas descendre, il y avait de la fumée partout. Je suis revenu dans l'appartement
et j'ai crié, comme tout le monde".
"J'ai vu des gens qui sautaient par la fenêtre. Ce sont les pompiers qui m'ont
évacué", a ajouté le jeune homme.
Selon lui, l'immeuble était devenu "inhabitable". Il y avait "trop de problèmes"
depuis que des "squatteurs" y avaient élu domicile.
"La situation s'était dégradée depuis cinq ans. Il y avait des rats, des cafards,
pas de normes de sécurité", a également affirmé une habitante prénommé Ghalia,
en faisant elle aussi état de la présence de "squatteurs".
En milieu de nuit, les habitants de l'immeuble rescapés du sinistre étaient installés
dans un bar tout proche, où ils étaient assistés par la Croix rouge. Le préfet
Lambert a demandé à la municipalité d'ouvrir un gymnase pour les accueillir.
En janvier, l'incendie d'un appartement de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) avait
fait cinq morts, dont trois enfants, et 18 blessés légers.