Onze personnes ont été interpellées mardi matin en Ile-de-France, soupçonnées d'avoir participé aux violences lors du sacre du PSG au Trocadéro le 13 mai, une semaine après l'arrestation de neuf supporters "ultras".
Le profil des personnes arrêtées mardi diffère quelque peu de celui des neuf interpellés le 4 juin en région parisienne, qui étaient tous des supporters ultras du club parisien. "On a là plutôt affaire à des profils de jeunes issus des banlieues parisiennes, et qui étaient manifestement venus à Paris pour casser des magasins, mais qui ne sont pas des supporteurs "ultras", résume un enquêteur du service de l'investigation transversale (SIT) de la préfecture de police de Paris, chargé de cette enquête.
Agés de 16 à 31 ans - il y a deux mineurs parmi les interpellés -, ils ont tous été placés en garde à vue, selon cette source. Ils sont soupçonnés d'avoir commis de multiples dégradations, saccagé des voitures, jeté des projectiles sur les forces de l'ordre ou brisé des vitrines de commerces, selon cette source.
L'un d'eux est notamment soupçonné d'avoir tiré un fumigène sur une femme en train de le filmer alors qu'il commettait des dégradations. "Le problème c'est que le fumigène a atterri dans la chambre du frère de cette femme et qu'il y a eu un début d'incendie", affirme cet enquêteur.
Un autre est soupçonné d'avoir pris la fuite après avoir fait tomber une lourde pièce d'un lampadaire en le secouant, qui est ensuite tombée sur une femme "qui a failli y rester", selon une source proche de l'enquête.
"Cela a été un travail extrêmement lourd, difficile pour identifier toutes ces personnes. Il a fallu exploiter notamment toutes les images vidéo tirées des caméras du plan de vidéo-protection, celles des réseaux sociaux, des médias, et des smartphones de particuliers", a-t-il expliqué. Une vingtaine de policiers du SIT travaille à temps plein sur cette enquête.
Un travail de fourmi
"C'est un vrai travail de fourmi, un travail de longue haleine au vu du nombre d'images récoltées. Nous avons exploité toutes les images possibles, et cela prend du temps", a expliqué le patron du SIT Stéphane Gouaud.
Les interpellés pourraient être déférés mardi dans la soirée, selon une source proche du dossier.
Ces nouvelles arrestations interviennent près d'un mois après la remise du trophée de champion de France au Paris SG sur l'esplanade du Trocadéro qui avait tourné à l'émeute.
Le 13 mai, malgré 800 policiers mobilisés, la fête souhaitée par les nouveaux propriétaires qataris du club parisien, avec la Tour Eiffel en toile de fond, avait laissé place à des scènes de violences et de pillages dans l'un des quartiers les plus touristiques de la capitale, avec 32 blessés et une quarantaine de personnes interpellées.
Manque d'anticipation ? Lacunes dans le renseignement ? Pression des propriétaires du club parisien ? Cet épisode avait laissé en suspens de nombreuses questions, et le préfet de police de Paris Bernard Boucault avait cristallisé les critiques de la droite, qui avait réclamé son départ.
Egalement visé par les critiques de l'opposition l'accusant "d'amateurisme", le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait défendu ses troupes et le préfet de police de Paris tout en reconnaissant un "échec". Il avait assuré que les policiers "étaient largement nombreux" mais avait admis "que ces scènes de guérilla montraient combien l'ordre public est quelque chose de difficile".
Les neuf supporteurs ultras arrêtés la semaine dernière ont tous été jugés en comparution immédiate. Quatre d'entre eux ont été relaxés par le tribunal correctionnel, trois peines de 4 mois de prison ferme et deux de 6 et 8 mois avec mandat de dépôt ont été prononcées. Le parquet de Paris a fait appel des relaxes.