Un Kiss-in était organisé mercredi soir à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, pour protester contre le retrait des affiches du film "L'Inconnu du Lac". La cinquantaine de personne qui s'est déplacée dans ce but s'est retrouvée face à 5 fois plus d'opposants au mariage pour tous.
Les défenseurs de la cause homosexuelle avaient lancé leur appel sur Facebook, pour protester contre le retrait de l'affiche du thriller gay "L'Inconnu du Lac". Hier soir, devant l'Hôtel de Ville de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, ce sont surtout les opposants au mariage pour tous qui ont répondu présent. Près de 250 personnes étaient en effet sur place pour soutenir la décision du maire de la ville, Eric Berdoati (UMP), de faire enlever les affiches de ce film (lire plus bas la justification du maire). Affiches sur lesquelles un dessin représente un couple gay en train de s'embrasser au premier plan tandis qu'en arrière plan, on peut distinguer un autre couple pratiquer un acte qui s'apparente à une fellation.
Alors que l'élu UMP explique avoir fait retirer les affiches du film d'Alain Guiraudie des rues de Saint-Cloud «dans un souci d'apaisement», après des mois de tensions liées à la récente loi sur le mariage pour tous et après avoir reçu de nombreuses plaintes des Clodoaldiens, précisant qu'il ne s'agit en aucun cas d'une "censure" ni d'un acte homophobe, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti, de son côté, dit «regretter vivement» le retrait des affiches du film d'Alain Guiraudie à Saint-Cloud et Versailles, et espère que la situation sera «rétablie dans les meilleurs délais». Pour la ministre, cette situation ne peut durer. Elle dit espérer «que les canaux de diffusion en petite et grande couronne normalement envisagés pour toute sortie comparable seront rétablis dans les meilleurs délais».
>> Retour sur la polémique dans notre reportage :
A Saint Cloud on protège les enfants! Et #onlacherajamais twitter.com/eulalie75/stat…
— Eulalie (@eulalie75) 12 juin 2013
«François Hollande a clivé la société française»
La police a dû s'employer pour encadrer le cortège des manifestants dénonçant la censure, pour éviter des débordements avec les anti-mariage gay venus nombreux. Parmi eux, de nombreux sympathisants du Front National, mais également des opposants au mariage pour tous venu de tout le département.
Alors que Xavier Brunschvicg, futur candidat PS aux prochaines municipales, dénonce la décision d'Eric Berdoati qu'il estime responsable de ce "désordre", ce dernier rapelle qu'il a "appelé tout le monde à ne pas venir ce soir. A nos confrères du Parisien, il a déclaré qu'il ne regrettait pourtant pas "d’avoir fait enlever les annonces publicitaires (...) Les laisser aurait pu provoquer un incident". Selon le maire de Saint-Cloud, le seul responsable de cette agitation n'est autre que le Chef de l'Etat. "En faisant passer en force cette loi, François Hollande a clivé la société française. Ce n’est pas le rôle d’un chef d’Etat" a ainsi regretté l'élu dans le quotidien régional.
Le maire de Saint-Cloud, Eric Berdoati, jusitife le retrait des affiches de "L'Inconnu du Lac"
Le communiqué du maire de Saint-Cloud en intégralité :«Depuis 2008, une crise économique et sociale majeure frappe durement la France et les Français. Cette crise a créé dans notre société un malaise profond. C'est dans ce contexte fragile et instable que François Hollande a pris le risque de mettre en débat au Parlement la loi relative au mariage et à l'adoption par des personnes de même sexe. Cette initiative regrettable a eu pour conséquence de diviser profondément nos concitoyens. Au-delà des clivages politiques traditionnels, les Français s'opposent, voire s'affrontent, sur cette question. Les événements récents en sont le triste témoignage.
C'est la raison pour laquelle dans un souci d'apaisement, j'ai souhaité que les quatre affiches du film L'Inconnu du lac, qui avaient engendré de fortes réactions auprès des familles et des enfants sur la ville, soient retirées. Mon rôle en qualité de maire est de préserver le bien vivre ensemble et non, comme le fait le président de la République, de diviser et d'opposer nos concitoyens. Il ne s'agit pas de censurer une œuvre cinématographique, ni d'homophobie, mais bien de chercher à calmer les uns et les autres après tant de mois d'affrontements et de heurts.
Le temps de l'apaisement et du dialogue doit primer face à la provocation et la confrontation. Aussi, je regrette l'exploitation qui est faite de certaines associations militantes de ce non-événement et je demande solennellement à l'association SOS homophobie de renoncer à son appel à manifester demain devant la mairie ce qui sera inévitablement perçu comme une nouvelle provocation.»