Le tribunal correctionnel de Paris a renvoyé vendredi au 19 février 2014 le procès de neuf membres du groupe féministe Femen, poursuivies pour
des dégradations sur les cloches de Notre-Dame de Paris lors de leur action en février dernier.
Il s'agit du premier procès des Femen en France.
Le 12 février 2013, les activistes avaient fait irruption dans la cathédrale. Seins nus, elles avaient fait tinter les cloches, alors disposées provisoirement
dans la nef, avec des morceaux de bois et scandé des slogans saluant à leur manière le renoncement du pape Benoît XVI à sa charge pontificale et dénonçant l'homophobie.
Le tribunal a renvoyé le procès en attendant les conclusions de l'enquête diligentée par le parquet sur des faits de violences dénoncés tant par les Femen de la part des gardiens de Notre-Dame, qui avaient expulsé manu militari les activistes aux seins nus, que l'inverse.
L'avocat des Femen, Me Patrick Klugman, avait demandé un supplément d'information concernant les violences qu'elles reprochent à quatre membres du service d'ordre et demandé qu'une cloche de la cathédrale qui a été dégradée soit expertisée et placée sous scellé.
Le tribunal a rejeté ses demandes.
L'une des activistes avait été tirée par les cheveux et avait eu une dent cassée. Elle s'était vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de quatre jours, deux autres une ITT de trois jours.
Du côté des gardiens de Notre-Dame, l'un avait fait un malaise et s'était vu prescrire une ITT de deux jours.
"L'intervention a été violente", certaines des prévenues "sont en fait des victimes", a estimé Me Klugman.
Selon lui, il est "tout à fait possible" que les dégradations invoquées sur la cloche Marcel (du nom de Saint Marcel) aient été "commises par des membres du service d'ordre" de Notre-Dame.
Me Laurent Delvolvé, l'avocat du recteur de Notre-Dame, s'était opposé à ses demandes. Et, dans l'ypothèse d'un supplément d'information, Me Delvolvé avait demandé qu'il vise également les "insultes", qui ont, selon lui, été proférées à l'encontre de Benoît XVI, ainsi que des faits d'exhibition sexuelle.
"Nous sommes ici pour blasphème", a répété avant l'audience Inna Shevchenko, chef de file des Femen en France, arborant comme les autres membres
du groupe une couronne de fausses fleurs sur la tête.
Les "Femen ne s'excuseront pas, les Femen ne regretteront pas", a-t-elle poursuivi, promettant de nouvelles actions visant l'Eglise, "encore et encore".
Voir interview de l'avocat du recteur de Notre Dame, Me Laurent Delvolvé et d'Inna Shevchenko, chef de file des Femen en France