La tribu indienne d'Arizona considère ces masques comme sacrés et s'opposait à la vente. Celle-ci aura finalement bien lieu le 9 décembre 2013 à Drouot.
L'association de défense des peuples aborigènes Survival International a été déboutée vendredi 6 décembre 2013 de sa demande de suspension de la vente aux enchères de masques de la tribu amérindienne Hopi à Paris, selon une ordonnance de référé. La tribu Hopi a, elle, été déclarée irrecevable à agir.
L'association Survival International avait assigné la maison de ventes EVE devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour obtenir le retrait de 25 masques Hopis de sa vente, prévue le 9 décembre à l'Hôtel Drouot, qui comprend un total d'environ 400 objets. Début avril, l'association avait déjà tenté, sans succès, de faire suspendre une autre vente, qui portait sur 70 masques et qui avait été organisée également à Paris.
Les masques, appelés "Katsinam" par les Hopis, sont portés par des danseurs de la tribu lors de cérémonies religieuses, généralement interdites aux personnes de l'extérieur. "Si la vente de ces objets cultuels peut constituer un outrage à la dignité de la tribu Hopi, cette considération morale et philosophique ne donne pas à elle seule droit au juge des référés de suspendre la vente de ces masques qui n'est pas interdite en France", a notamment considéré la juge des référés, Claire David, dans son ordonnance consultée par l'AFP. L'ordonnance pointe également qu'"aucune disposition législative française n'interdit la vente d'objets provenant de la tribu Hopi".
La tribu Hopi compte entre 8.000 et 18.000 membres, selon les estimations, qui vivent dans le nord-est de l'Arizona aux Etats-Unis, région où se trouvent de hauts sommets plats appelés mesas.
L'association souhaitait que la vente soit suspendue et que l'affaire soit, ensuite, jugée au fond. "Le fait que ça fasse deux fois de suite qu'on a la même ordonnance, avec presque les mêmes termes, démontre qu'il y a une volonté politique que cette question n'aille pas plus loin", a commenté Pierre Servan-Schreiber, avocat de l'association Survival International et de la tribu Hopi. "Un jour ou l'autre, on finira bien par considérer que tout ne peut pas s'acheter ou se vendre", a-t-il exhorté.
Pour Corinne Matouk, avocate de la maison de ventes EVE, "l'ordonnance reprend les motifs que nous avons soutenus, qui sont des motifs de droit". "On juge en droit et pas en équité. En réalité, le tribunal n'avait pas tellement le choix", a-t-elle estimé.