Quelle stratégie dévoilent les tracts de campagne d'Hidalgo et de NKM ?

Un sondage du JDD donne Anne Hidalgo et NKM battues dans l'arrondissement où elle se présentent. Pourtant, l'une d'entre elles sera maire de Paris. Un paradoxe qui s'explique par le mode de scrutin parisien.

On ne dira jamais assez le côté biblique du scrutin parisien. "Les derniers seront les premiers", nous enseigne Saint Matthieu. Une leçon vieille de deux millénaires que nous confirme le sondage IFOP publié par le JDD ce matin.

Données battues dans l' arrondissement parisien où elles se présentent, Anne Hidalgo ou Nathalie Kosciusko-Morizet sera pourtant la prochaine maire de Paris. Paradoxe et charme du scrutin parisien aux règles simples mais subtiles. Il s'agit de 20 élections dans chaque arrondissement avec une dose de proportionnelle qui permet aux listes minoritaires d'avoir néanmoins des élus au conseil de Paris.

Les résultats de ce sondage ne sont pas surprenants puisque NKM et Anne Hidalgo se présentent dans des arrondissements à reconquérir au camp adverse. Le 15 ème est ancré à droite depuis toujours. Le 14 ème est à gauche depuis 2001.

Néanmoins, leurs adversaires respectifs y voient un signe d'un manque d'implantation locale. "L'inconnue du 14 ème se porte bien", plaisante Carine Petit , adversaire socialiste de Nathalie Kosciusko-Morizet. "Ca marque la première étape de notre campagne qui était de dire que les Parisiens ne souhaitent pas d'improvisation ou de candidature hors sol", poursuit-elle.

Jean-François Lamour, qui sera sur la liste UMP du 15 ème, préfère évoquer l'absence d'Anne Hidalgo dans le XV ème. "Madame Hidalgo vient très rarement aux conseils d'arrondissement et s'occupe peu des affaires du 15 ème. Je crois qu'aujourd'hui, elle le paie", commente le député escrimeur.

L'enjeu n'est toutefois pas identique. Le scrutin favorise Anne Hidalgo, puisqu'il multiplie par 12, le nombre d'arrondissements détenu par la gauche, l'effet maire sortant. Si Anne Hidalgo peut se permettre de perdre dans le XV ème, il faut absolument que Nathalie Kosciusko-Morizet l'emporte dans le 14 ème pour espérer conquérir l'Hôtel de Ville.

Mais, les deux candidates sont à égalité sur un point: comment faire campagne dans un arrondissement alors qu'elles doivent également sillonner l'ensemble de la capitale ? Tâche d'autant plus difficile que ce sont des arrondissements à reconquérir et qu'il faut donc y passer énormément de temps. Jacques Chirac (5ème) ou Bertrand Delanoë (18 ème) se présentaient dans des arrondissements acquis à leur camp et n'étaient pas tête de liste. Au contraire, Françoise de Panafieu candidate de l'UMP en 2008, était également tête de liste dans le 17 ème et n'avait gagné l'arrondissement qu'avec 5000 voix d'avance.

Concilier les deux campagnes est une question d'agenda mais aussi d'image. Une petite analyse des tracts de campagne glanés sur les marchés du 14 ème et 15 ème n'est pas ininteressante.

Voici le tract des militants PS distribué rue de la Convention.

 

C'est un tract purement quinzième où ne sont évoqués que les projets pour l'arrondissement. En première page, en incipit, un texte rappelle que le "15 ème c'est l'arrondissement de la famille" d'Anne Hidalgo. Mais la photo de la candidate n'a pas été prise dans l'arrondissement, mais sur un quai de Seine devant l'Ile Saint-Louis, et dans le fond on peut distinguer les toits de l'Hôtel de Ville. Bref candidate locale par le texte et globale par l'image

Voici le tract distribué par les militants UMP sur un marché rue d'Alésia.

 

C'est le tract classique de NKM distribué dans tous les arrondissements. Ses 7 progrès majeurs pour la capitale déclinés en dépliant de 7 parties. Aucune référence spécifique au 14 ème arrondissement. On le sait, NKM ne croit pas à l'importance cruciale de la bataille d'arrondissement et a fondé sa stratégie de campagne sur son image.

Le 14 ème est en revanche omniprésent dans le document de campagne de Carine Petit. Bien que maire-adjointe, elle n'est pas très connue. Elle pose donc aux côtés de Pascal Cherki, le maire de l'arrondissement dont elle est proche mais qui ne peut pas se représenter pour respecter le cumul des mandats. IL sera néanmoins n°2 sur la liste. La reconnaissance et l'ancrage locaux sont donc mis en avant.

 

Il en est de même à l'UMP du 15 ème. Ce dimanche, les militants distribuent le journal de Jean-François Lamour et pas le tract de campagne de NKM. "On est en attente de réimpression. On a donné tous les autres" expliquent les militants. Mais on se rappelle qu'en 2008, Philippe Goujon et Jean-François Lamour n'avait fait aucune référence à Françoise de Panafieu sur leur affiche électorale. Encore une fois, on nous assure qu'il n'y a pas de malice et dans son édito, Jean-François Lamour appelle à voter pour NKM. Mais s'il y a une solidarité dans la victoire, la tendance, à quelques semaines du scrutin quand une défaite se dessine, est le chacun pour soi dans son arrondissement.

 

En cette mi-décembre, les partis incitent les gens à s'inscrire sur les listes électorales. Ils en profitent pour un glisser un mot d'explication sur le mode de scrutin. "Surtout aux nouveaux arrivants qui n'ont jamais encore voté à Paris", précise Jean-François Lamour.