Roxane Decorte, évincée des listes de l'UMP-MoDem-UDI, menace de présenter une liste dissidente et s'estime "victime collatérale d'un accord de coin de table". A l'UMP, on met en avant la condamnation judiciaire de l'élue du XVIII ème, incompatible avec la ligne de conduite fixée par NKM.
Roxane Decorte, le maillon faible !
Depuis hier, la conseillère de Paris n'est plus sur les listes communes UMP-MoDem-UDI dans le XVIII ème arrondissement où elle est élue depuis 2001. Elle a aussitôt réagi en annonçant au JDD.fr son intention de présenter une liste dissidente.
"Je suis un dommage collatéral d'un accord de coin de table", confie-t-elle à France 3 Paris. Mais, ce jeu de chaises musicales, avec l'arrivée de Fadila Mehal du MoDem dans l'arrondissement, permet aussi de régler un problème plus personnel.
Roxane Decorte pouvait-elle être candidate à Paris en ayant été condamnée en 2012 par le justice pour détournements de fonds et abus de confiance à 4 mois de prison avec sursis ?
La question divisait l'UMP depuis plusieurs semaines. "Abus de confiance, ce sont des mots qui parlent aux gens et à nos électeurs. Et en plus dans une affaire qui concerne des personnes âgées. Ce n'était pas possible", explique un conseiller de Paris. Roxane Decorte n'est pas forcément appréciée par tous, certains étant persuadés que par le passé, c'est elle qui a balancé au "Canard Enchaîné" les noms d'élus de droite vivant en logement social.
Mais, elle compte aussi des soutiens parmi les fillonnistes, étant un des supporters de l'ancien premier ministre dans la capitale. Pendant la primaire UMP, elle avait fait campagne pour NKM, contre Pierre-Yves Bournazel, son rival-partenaire dans le XVIII ème.
"A Paris, on aime bien Roxane mais cette condamnation était un problème", témoigne un partisan de Fillon dans la capitale.
Ce qui explique que dans la liste de candidats publiée en début d'après-midi le 21 décembre, son nom était présent alors que selon une source interne, cela n'aurait pas été le cas dans la matinée. Que s'est-il passé pendant la (fausse) trêve des confiseurs pour que son nom ne figure plus dans la liste publiée le 1er janvier ?
"Nathalie apprécie Roxanne, mais elle a toujours dit que cette condamnation était un problème. Elle a voulu lui laisser une dernière chance de s'expliquer pendant les vacances. Mais Roxane est toujours dans une forme de déni, elle ne voulait pas s'expliquer ni s'ouvrir sur sa négligence. Ca devenait un problème", explique un membre de l'équipe de campagne.
"Mes explications et mon dossier juridique, NKM les a depuis le 12 mars 2013. C'était la veille d'une interview avec Jean-Jacques Bourdin, où elle a déclaré "qu'elle n'aurait pas sur ses listes des personnes avec une condamnation importante". Le mot avait été pesé, exprès pour mon cas", rétorque Roxane Decorte.
"J'ai remboursé la somme que je devais. Il n'y a eu aucune plainte de personnes âgées. C'est un signalement tracfin. Cela n'a rien à voir avec mon mandat électoral et il n'y a pas eu un centime d'argent public", ajoute-t-elle, voulant minorer sa condamnation.
Cette condamnation demeurait néanmoins un problème. Surtout que dès la liste connue le 21 décembre, certains à gauche comme Ian Brossat n'ont pas manqué de rappeler sur les réseaux sociaux cette condamnation en justice mettant NKM en contradiction avec son engagement de ne pas investir des gens condamnés en justice. "On ne pouvait pas refuser l'investiture en tête de liste à Dominique Tiberi, qui n' a jamais été condamné en justice au motif qu'il est le fils de son père et mettre Roxanne Decorte. Ce n'était plus cohérent", explique un élu parisien. Cela aurait donné un argument de plus à Dominique Tiberi et autres dissidents putatifs dans leurs combats contre Nathalie Kosciusko-Morizet. "Cela aurait surtout donné des arguments à la gauche", complète un autre élu.
"S'ils veulent faire une opération mains propres, pourquoi alors Jacques-Yves Bohbot, condamné dans une affaire de faux électeurs est sur la liste du 19 ème. C'est donc bien un prétexte pour m'évincer pour faire de la place à Fadila Melhal", répond Roxane Decorte.
Jack-Yves Bohbot a été condamné en 2006 en première instance à 12 mois de sursis pour l'affaire des faux électeurs du III ème arrondissement.