Le corps d'une huitième victime, la dernière portée disparue, a été retrouvé lundi après-midi dans les décombres de l'immeuble soufflé la veille à Rosny-sous-bois par une explosion, due selon toute vraisemblance à une fuite de gaz.
Le bilan de la catastrophe, huit morts et onze blessés - le plus meurtrier depuis une dizaine d'années -, semble désormais définitif, ont dit les pompiers, même si les recherches se poursuivent, notamment avec des chiens, pour s'assurer qu'il ne reste personne prisonnier sous l'amas de béton. Les opérations restent très périlleuses, car les sauveteurs doivent fouiller un tas de gravats haut d'une dizaine de mètres, au pied d'un bâtiment qui menace de leur tomber dessus, a précisé le lieutenant-colonel Samuel Bernès, porte-parole des pompiers de Paris.
Les pompiers ont retrouvé lundi matin le corps d'une femme octogénaire, qui habitait au premier étage. Seules deux personnes sont sorties vivantes des décombres, malgré le déploiement de très gros moyens de secours. Sur place, des enquêteurs de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis se relayaient aux côtés des pompiers. Seuls éléments distillés par la justice à ce jour : l'explosion, qui s'est produite tôt dimanche matin, est très probablement d'origine accidentelle et a soufflé l'immeuble par le bas.
Selon le lieutenant-colonel Bernes, l'une des hypothèses étudiées est celle d'une chaudière à gaz défectueuse. "Cette chaudière se trouvait dans un appartement situé au rez-de-chaussée. Elle a été récupérée par le laboratoire de la police judiciaire", a-t-il dit.
Le maire UMP Claude Capillon a ajouté que des travaux avaient été entrepris à proximité de l'immeuble, même s'il ne s'agissait pas d'un chantier "important". A priori, "il n'y avait pas d'opérations sur les conduites de gaz", a précisé l'élu. "A 95%, on peut dire que le gaz est à l'origine de l'explosion", mais "à quel niveau, c'est un travail de minutie", a commenté M. Capillon. La société en charge du réseau de distribution du gaz GRDF a assuré "qu'aucune fuite n'avait été signalée précédemment" sur les lieux.
L'heure du recueillement
Toute la nuit, à la lumière de puissants projecteurs, des dizaines de sauveteurs se sont activés au milieu des décombres de l'immeuble décharné, dans le grondement des tractopelles. L'explosion a littéralement pulvérisé une moitié du bâtiment, saisissant en plein sommeil la plupart des victimes.
A quelques centaines de mètres, devant un gymnase où une chapelle ardente a été installée, des proches des victimes se sont réunis lundi matin pour une cérémonie de recueillement. Amis et voisins, larmes aux yeux ou regard dissimulé par des lunettes noires, sont venus soutenir les familles. Des enfants et des adolescents, certaines venues avec des roses rouges, se sont étreints longtemps. "Ma petite fille allait à l'école avec les deux adolescents décédés. C'est atroce", a dit Monique Devit, 75 ans, une fleur à la main. En sanglots, Hugo, 14 ans, dit avoir perdu son "meilleur ami".
Venu assister à la cérémonie, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dit sa "solidarité avec les familles terrassées par le deuil". C'est "un drame qui nous laisse perdu", a ajouté le député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone.
Sur les sept morts, on compte une mère de famille de 40 ans et ses deux adolescents de 14 et 18 ans, mais aussi un enfant âgé de dix ans, une femme de 45 ans, une octogénaire et un autre adulte qui reste à identifier formellement. La déflagration a blessé onze autres personnes, dont quatre plus grièvement. "Leurs vies ne sont plus en danger", a précisé lundi le préfet de Seine-Saint-Denis Philippe Galli.
Selon la mairie, 32 personnes sinistrées ont été relogées après l'explosion. Vingt autres, dont deux enfants, ont été accueillies pour la nuit par leurs familles et restaient à reloger.Effondrements d'immeubles en Ile-de-France: des précédents depuis 1971
L'effondrement dimanche de cet immeuble de quatre étages, vraisemblablement dû à une explosion de gaz, est le plus meurtrier depuis une dizaine d'années. Depuis 1971, trois autres exemples sont à déplorer: