Rythmes: écoles fermées dans 23 communes, la justice saisie

Vingt-trois communes ont mis leur menace à exécution: pour protester contre la réforme des rythmes scolaires, elles ont refusé d'ouvrir leurs écoles en ce premier mercredi de classe, entraînant une riposte judiciaire immédiate de l'Etat.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Empêcher les enfants d'accéder à l'école et empêcher les enseignants d'effectuer leur mission, ça me paraît non seulement antirépublicain mais intolérable", a martelé la ministre de l'Education nationale Najat-Vallaud-Belkacem en cette journée test pour cette réforme contestée. Après avoir fait état dans la matinée d'une quinzaine de communes récalcitrantes, le ministère a finalement dressé un bilan de 23 maires qui ont bloqué l'accès à leurs écoles (21 totalement et 2 partiellement), un chiffre conforme aux prévisions de la veille.

Cela représente moins de 0,1% des 24.000 communes qui possèdent au moins une école. "Nous allons en référer au tribunal administratif, qui fera une injonction au maire, sinon les préfets pourront se substituer aux maires", a prévenu la ministre lors d'un déplacement à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Dès mardi, la préfecture du Pas-de-Calais est passée à l'acte en introduisant une procédure d'urgence à l'encontre du maire communiste de Billy-Montigny qui comptait laisser ses écoles fermées mercredi. Finalement, les élèves ont bien eu classe.

Dans le Nord aussi, la préfecture a déposé des requêtes devant le tribunal administratif contre des arrêtés de fermeture des écoles à Hautmont et Phalempin. A Hautmont, une école sur neuf a malgré tout accueilli des enfants ce mercredi. Les 66 écoliers de Ganzeville (Seine-Maritime) n'ont eux pas pu accéder à leur établissement, cadenassé. Le préfet de Haute-Normandie a demandé au juge des référés d'enjoindre le maire "de laisser le libre accès aux locaux scolaires sous astreinte financière".

"Le mercredi, je veux dormir"

Le département le plus touché par la fronde est l'Essonne, où la préfecture va saisir la justice administrative à l'encontre de douze maires. A Yerres, parents et écoliers ont ainsi trouvé des portes d'écoles cadenassées ou des serrures changées. Motif officiel: mercredi, c'est "nettoyage". "Incroyablement choquant", pour Anne Chatelain, enseignante à la retraite, à l'unisson de nombreux parents.

"Libre à l'Education nationale de modifier ses horaires, mais il ne faut pas se défausser sur les communes", a répondu le maire Nicolas Dupont-Aignan, pris à partie dans une maternelle par des parents et enseignants. Le président de Debout la République a ensuite participé à Evry à une manifestation de 150 élus et parents contre la réforme.

Dans le Val-de-Marne, la préfecture a introduit un référé-liberté à l'encontre de Limeil-Brévannes et Sucy-en-Brie qui n'ont pas ouvert leurs écoles. Dans la Loire, ce sont cinq communes qui ont fermé leurs établissements. A Saint-Médard-en-Forez, la maire a bien retiré les poignées de porte en signe d'opposition. "Inacceptable", lâche Claudine, mère de deux enfants, "la réforme a un sens pour les enfants qui ont un rythme compliqué".

A Heiteren (Haut-Rhin), l'école a été cadenassée mais après cette action ponctuelle, la mairie promet d'appliquer la réforme. Michel Amiel, le maire ex-socialiste de Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), a lui fait intervenir les services municipaux pour enlever les cadenas accrochés aux portails des écoles par des parents.

Il soutient toutefois les parents qui n'ont pas voulu scolariser leurs enfants mercredi, dont certains membres du collectif des "Gilets jaunes" qui appelaient au boycott. "On ne lâchera pas, on continuera", dit Thierry, père d'une petite Emma qui brandit fièrement une pancarte clamant "le mercredi je veux dormir".

Cette réforme, qui chamboule les habitudes, rétablit la cinquième matinée de classe supprimée par la droite en 2008, généralement le mercredi matin, rarement le samedi. Elle vise à mieux distribuer les 24 heures de classe hebdomadaires et introduit des activités périscolaires à la charge des communes -- facultatives et partiellement financées, jusqu'en 2015, par l'Etat et les caisses d'allocations familiales. "Tout démontre que les enfants apprennent mieux avec cinq matinées qu'avec quatre", plaide Najat Vallaud-Belkacem.

L'an dernier, 4.000 communes ont lancé la réforme, devenue obligatoire cette semaine pour 4,6 millions d'écoliers dans les 20.000 communes restantes.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information