A partir du 1er janvier, les cheminées à foyer ouvert seront interdites à Paris et dans 435 communes d’Ile-de France. Les chiffres des émissions de particules fines en Ile de France.
Finies pour les franciliens les soirées passées au coin du feu. A partir du 1er janvier 2015, seront interdits les feux d’agrément dans les cheminées à foyer ouvert à Paris et en région parisienne. Quelque 435 communes d’Ile-de-France sont concernées ( consulter la liste des communes ici ).
"Sur les 135.000 cheminées à foyer ouvert à Paris, 10% sont utilisées, et encore, souligne auprès de l'AFP Thierry Pujo, des Ramoneurs de Paris, elles ne servent que 6 à 7 fois par an". "Ce sont des feux d'agrément. On ne se chauffe pas avec à Paris. Les belles flambées sont réservées aux fêtes de famille, à Noël, aux réunions entre amis, ou aux rendez-vous romantiques". Alors pour le ramoneur, la décision est tout simplement "idiote". "C'est de l'écologie à deux balles. Il vaudrait mieux interdire le diesel". Le président de la filière bois, France Bois forêt, Laurent Denormandie, relève auprès de l'AFP que "les gens font l'autruche". "Ils sont très peu au courant de l'interdiction. Ils la jugent invraisemblable", poursuit-il.
Bataille de chiffres
M. Denormandie critique la décision d'interdiction, prise à l'initiative des "élus écologistes de la région". Il conteste les taux d'émission de particules fines
attribués à la combustion du bois dans les foyers ouverts par les services régionaux de l'environnement et de l'énergie (DRIEE). Pour lui, cette combustion représente "5%" des émissions de particules fines, quand la circulation automobile en est responsable de "40%". Faux, se défend Julien Assoun, chef du service énergie climat véhicules de la DRIEE. En Ile-de-France, il y a "100.000 cheminées (à foyer ouvert), responsables de 25% des émissions de particules fines, soit autant que les voitures", assure M. Assoun. Selon lui, "l'émission en particules fines d'un feu de cheminée durant quelques heures équivaut à celle d'une voiture classique roulant pendant plusieurs milliers de kilomètres".
L'association de consommateurs Que Choisir s'est jointe aux critiques en jugeant que "la DRIEE s'est lourdement trompée". L'association s'appuie sur des études d'Airparif (station installée en bord de périphérique et ne concernant donc pas toute la région IDF) selon lesquelles "39% des émissions de particules fines proviennent de la circulation automobile et 4% du chauffage au bois".
Argument sanitaire
"On est en train de dire que le bois est dangereux et dans le même temps Ségolène Royal (ministre de l'Ecologie) veut développer la biomasse bois. Comprenne qui pourra", ajoute M. Denormandie. Il insiste sur le fait que l'on n'a pas, selon lui, "fait de bilan énergétique" de la consommation de bois, énergie renouvelable, qui avec les forêts évite le rejet de "milliers de tonnes de CO2". La production forestière en Ile-de-France représente, selon France Bois Forêt, un "chiffre d'affaires d'environ 60 millions d'euros", "1.500 emplois directs" et "3.000 emplois indirects". Le volume consommé en Ile-de-France de bûches de bois atteint quelque 2 millions de m3 sur une récolte totale nationale de près de 7 millions de m3 en 2013.
M. Denormandie fait valoir que beaucoup d'artisans auront des difficulté à se reconvertir. Il craint aussi que cela "remette en cause l'avenir du peuplement
des forêts" d'IDF. A la DRIEE, on défend la mesure d'un point de vue "sanitaire": "Il s'agit d'inciter les gens à s'équiper d'inserts performants qui réduiraient de 90% les émissions de particules fines, avec un même confort, et un rendement en chaleur plus élevé". Certes, mais sans la magie et l'esthétique d'un âtre ouvert.
Quand on rétorque qu'un insert est cher (3 à 6.000 euros), la DRIEE répond: "incitation fiscale, crédit d'impôt développement durable". Reste une interrogation: que risquent les contrevenants? "On privilégie la pédagogie", répond M. Assoun, mais, ajoute-t-il, "on ne s'interdit pas de verbaliser quand on constatera une infraction, qui sera passible d'une amende de plusieurs centaines d'euros". Comme il n'est pas prévu de police des cheminées pour l'instant, certains professionnels craignent que la verbalisation se fasse sur la base de la délation.
Une certitude, à partir du 1er janvier, gare aux conduits de cheminées mal entretenus, à la braise fatale, car alors les compagnies d'assurance ne prendront plus en charge des incendies qui en seraient la conséquence. "Résistance!", clame le romancier, qui s'amuse d'une interdiction des bûches "juste au moment où tous coupent la bûche de Noël".