La librairie Le Phénix, ouverte en 1965, et véritable temple de la culture chinoise depuis 50 ans, vient d'être rachetée par des investisseurs chinois. Dans le petit monde des sinologues et passionnés de culture chinoise, on se demande si la liberté de la librairie va demeurer intacte...
C'est un militant communiste français, ancien professeur en Chine, journaliste à l'Humanité où il était responsable de la rubrique culturelle, Régis Bergeron, qui a créé cette librairie en 1965. Devenue en 50 ans le rendez-vous absolu des passionnés de la Chine, la librairie est, depuis trois mois maintenant, "passée sous contrôle chinois".
Dans une époque où les librairies ont le plus grand mal à survivre face aux mastodontes de la grande distribution du commerce electronique comme Amazon ou même la Fnac, la librairie Le Phénix devenue lieu de rencontres et d'échanges pour tous les passionnés d'Asie et singulièrement de Chine s'en sort bien. Elle est unique. Mais son directeur, Philippe Meyer, soucieux de lui assurer une pérennité, a longtemps cherché un repreneur. Il l'a trouvé avec un groupe étatique chinois en novembre 2014. Bien sûr, les fidèles du lieu, qui est la plus importante librairie et lieu culturel chinois en Europe, ont eu quelques inquiétudes. En Chine, bien des livres ou documents, courants de pensée, font l'objet d'interdiction. L'arrivée d'investisseurs chinois n'allait-elle pas signifier également l'intrusion de la censure ? Il semble, de premier abord, qu'il n'en soit rien, et que les intentions des nouveaux propriétaires ne soient pas de cette nature. Reportage Norbert Cohen et Jean-Laurent Serra
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