Les chiffres de la Fondation en attestent : près de 10 millions de personnes sont en situation de fragilité par rapport au logement, dont 3,5 millions mal-logés au sens strict (SDF, en chambre d'hôtel, en camping, dans des abris de fortune, ou dans des conditions de logement très difficile).
La Fondation Abbé Pierre estime, dans son 20e rapport annuel, que 3,5 millions de personnes sont en France, mal logées ou sans abri, et plus largement que près de 10 millions sont concernées par la crise du logement.
La Fondation Abbé Pierre recense 3,5 millions de personnes "non ou très mal logées", notamment : 694.000 personnes "privées de domicile personnel" (141.500 sans domicile, 19.485 en résidence sociale, 38.000 en chambre d'hôtel, 85.000 dans des "habitations de fortune" et 411.000 chez des tiers), près de 2,8 millions vivant dans des conditions de logement "très difficiles", sans confort ou très surpeuplés, 52.000 gens du voyage ne pouvant accéder à une aire d'accueil.
La Fondation ajoute à ces mal logés plus de 5,1 millions de personnes "en situation de réelle fragilité" par rapport au logement, c'est-à-dire occupant par exemple une copropriété en difficulté (1,1 million de logement concernés) un logement surpeuplé (3,2 millions) ou devant faire face à des impayés (1,2 million).
Plus de 8 millions les personnes sont concernées par des difficultés de logement
Elle rappelle également que plus de 1,8 million de ménages sont en attente d'un logement social, que 5,1 millions sont en situation de précarité énergétique (chiffres 2014), que 70.000 propriétaires sont en situation d'impayés (2006), et que plus de 91.000 ménages sont menacés d'expulsion (chiffres 2009-2011). Des chiffres que la Fondation n'additionne pas aux chiffres précédents (Il y aurait un risque de doubles comptes) mais qui lui permettent d'évoquer au final 10 millions de personnes touchées, de près ou de loin, par la crise du logement.
"Les dispositifs d'aide ne sont plus adaptés et se sont engorgés", explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation
D'après le rapport la situation s'est aggravée également pour les plus exclus: le nombre de SDF a augmenté de 50% en dix ans, avec 141.500 adultes et enfants concernées en 2012. Et les profils se sont diversifiés: outre les familles, dont le nombre a bondi, on retrouve de plus en plus de jeunes à la rue, des demandeurs d'asiles, et des malades psychiatriques.
"Les dispositifs d'aide ne sont plus adaptés et se sont engorgés", explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation. Ainsi 1,8 million de ménages sont en attente d'un logement social, alors que seulement 450.000 sont attribués chaque année.
De même 355.000 demandes d'hébergement pour SDF ont été formulées durant l'hiver 2013-2014 selon le baromètre du 115, mais seulement 140.000 places ont été attribuées. Et les familles sans domicile, en priorité hébergées à l'hôtel, notamment en Ile-de-France, se retrouvent aussi à la rue, car le dispositif, qui coute très cher, arrive à saturation.
Une situation reconnue par le gouvernement, qui lance mardi "un plan triennal de réduction des nuitées hôtelières", "remplacées par des solutions plus pérennes", précise l'entourage de la ministre du Logement Sylvia Pinel. "La mobilité ne se fait plus, les gens ont du mal à sortir des dispositifs d'aide", explique Manuel Domergue. Résultat, certaines personnes, désabusées, renoncent à demander de l'aide, préférant parfois rester dans un logement insalubre ou dormir dans la rue plutôt que d'appeler chaque soir le 115. "C'est un constat douloureux", dit le délégué général de la Fondation, Christophe
Robert. "Les outils étaient calibrés en 1990, mais ça ne suit plus, en raison de la massification de la précarité."