Une centaine de personnes ont été évacuées par les pompiers. Deux immeubles, situés rue Jean Moulin à Argenteuil, dans le Val-d'Oise, menacent de s’effondrer. Un arrêté de péril imminent a été immédiatement pris par la mairie. Une cellule de crise aide les habitants sinistrés.
Une fissure bien visible sur la façade du bâtiment… Et à l’intérieur, un bout de plafond qui s’effondre dans une salle de bains.
C’est ce qu’a constaté jeudi Rania L., une habitante d’un immeuble situé dans la rue Jean Moulin, à Argenteuil. « Il y a des morceaux de pierre qui sont tombés. Je vois le jour de chez moi. Je ne peux pas vivre comme ça. Le propriétaire me dit que c’est à moi de faire les travaux, qu’il ne peut rien faire. »
Paniquée, elle alerte alors immédiatement les secours. Arrivés sur place, les pompiers, après avoir constaté les dégâts, décident d’évacuer les occupants, ainsi que les habitations à proximité de l’immeuble. Certains n’ont eu que peu de temps pour prendre quelques affaires.
Des occupants évacués
Au total, près d’une centaine de personnes seraient concernées par cette évacuation. C’est le cas de cette habitante rue Jean Moulin. Elle vit dans un T2 avec ses trois enfants : l’un handicapé, et les deux autres asthmatiques. Sur les photos qu’elle montre : un appartement vétuste dont les murs sont couverts de moisissures, même si le propriétaire a tout de même refait les peintures dernièrement. « Il y a de l’humidité, des fissures », souligne la jeune maman.
Pour sécuriser la zone, un périmètre a été mis en place au niveau des immeubles concernés avec interdiction d'y pénétrer. Il s’agit de ceux situés au 17 et 19 de la rue Jean Moulin. Ils présentent des risques d’effondrement et seraient en situation « d’alerte rouge », selon les pompiers du département.
Informée des faits, la mairie a pris immédiatement un arrêté de péril imminent concernant ces deux immeubles. Le maire (LR) de la ville a aussi sollicité une expertise complémentaire.
Des immeubles en mauvais état
Ces habitations vétustes ont déjà été identifiées par la mairie. Pour celle-ci, il s’agit avant tout d’habitats indignes qui semblent être loués par des marchands de sommeil. « Ce sont des copropriétés qui ont du mal à gérer leurs biens. Il s'agit de propriétaires que l’on pourrait qualifier de marchand de sommeil, qui n’investissent pas dans les copropriétés, qui logent des personnes dans des situations complètement indécentes.»
« Aujourd'hui, la responsabilité incombe aussi à l’ensemble de ces acteurs ! (...) les propriétaires bailleurs qui s’improvisent propriétaires bailleurs et logent des personnes dans des conditions inhumaines. (...) C'est aussi au législateur de prendre ses responsabilités ainsi qu’à l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale. Ils ne prennent pas forcément la mesure de ces drames humains qui se jouent », insiste Camille Gicquel, adjointe au maire (LR) d’Argenteuil en charge de l’urbanisme, des aménagements et des projets urbains.
La municipalité en appelle au pouvoir public « C’est un combat qui ne bénéficie pas forcément des financements et de la législation nécessaire. Aujourd’hui, on en appelle à la ministre du Logement afin de nous accompagner face à ces problématiques du quotidien. Nous l’invitons à venir à Argenteuil », poursuit l’élue.
Une cellule de crise mise en place
Face à cette situation d’urgence, une cellule d'accompagnement a été mise en place par la mairie d’Argenteuil. « On s’est mobilisé dès qu’on a été alerté hier matin avec l’ensemble des élus et des services de la ville pour accompagner les habitants. On a mis en place une cellule de crise dans les locaux de la police municipale. Et l’ensemble des habitants ont été relogés et sont accompagnés aujourd’hui par les services sociaux de la ville. Donc la situation est aujourd’hui sous contrôle », souligne Camille Gicquel.
L’objectif principal de cette structure est d’accueillir les habitants et les aider à trouver des solutions d’hébergement temporaire dans des hôtels. La mairie a annoncé que les personnes dépourvues d’assurance seraient prises en charge par la municipalité. Ainsi, les nuitées de 9 des 15 foyers évacués ont été prises en charge.
Par ailleurs, la Ville a mis en place une navette temporaire pour permettre aux sinistrés de faire les différents trajets, vers les hébergements temporaires par exemple.
Des experts doivent passer prochainement pour faire des constatations d’usage au niveau des bâtiments.
Quant aux services de la mairie, ils ont décidé d’ouvrir une enquête en interne. Si rien n’avance, la municipalité envisage de déposer plainte.