Manuel Valls a donné raison mercredi à la Fédération française de tennis et à Anne Hidalgo contre Ségolène Royal et les associations sur le projet de modernisation du stade de Roland-Garros à Paris, qui abrite l'un des quatre tournois du Grand Chelem de tennis.
Le Premier ministre, qui s'est entretenu avec le président de la FFT Jean Gachassin, lui a "confirmé le plein soutien du gouvernement à tous les volets" du projet d'extension du site défendu par la Fédération et "son attachement à ce qu'il puisse aboutir dans les meilleurs délais".
"L'Etat donnera en conséquence son accord à l'ensemble des procédures relevant de sa compétence dans les prochaines semaines, afin de permettre rapidement un début des travaux" d'agrandissement du stade de la Porte d'Auteuil, peut-on lire dans un communiqué publié dans la soirée de mercredi par Matignon.
Le chef du gouvernement souligne que le projet d'extension de la FFT, engagé il y a cinq ans, "a franchi toutes les étapes liées à sa préparation en s'adaptant aux prescriptions et aux observations qui lui ont été faites". Il met aussi en avant le fait que "l'enquête publique achevée en novembre a conclu sans ambiguïté à un avis favorable au projet qui est en parfaite cohérence et complémentarité avec les activités du jardin botanique" (Serres d'Auteuil).
Le Premier ministre oppose ainsi une fin de non-recevoir à sa ministre de l'Ecologie Ségolène Royal. Un rapport d'experts publié mi-février par les services de la numéro trois du gouvernement et commandé par elle avait en effet conclu à la "faisabilité" du projet alternatif de modernisation du site, défendu par des associations pour préserver l'intégrité du Jardin des Serres d'Auteuil à Paris.
L'argument des jeux Olympiques?
Manuel Valls voit d'ailleurs dans la modernisation proposée par la FFT et soutenue par la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, "un révélateur de la capacité de la France à faire aboutir des projets stratégiques et emblématiques, au travers de grands évènements sportifs internationaux, notamment les jeux Olympiques", à l'organisation desquels Paris pourrait être candidate en 2024.
Le projet alternatif propose de recouvrir une bretelle d'accès de l'autoroute A13, ce qui permettrait de préserver un jardin botanique devenu emblématique pour la défense de la biodiversité et du patrimoine naturel, alors que Paris doit accueillir en fin d'année la Conférence du Climat.
L'Icomos, conseil de l'Unesco qui oeuvre à la conservation des momuments et des sites historiques dans le monde, a évalué sur place l'impact du projet de la FFT. Il a jugé que le site était "gravement menacé dans son intégrité paysagère et botanique" et a appelé la Mairie de Paris et la FFT à abandonner le projet. Alors que l'enquête publique s'est conclue par un avis favorable aux permis de construire, les associations ont aussitôt dénoncé une "parodie de consultation". Mais Mme Hidalgo comme la FFT refusent catégoriquement le projet alternatif. "A l'heure où Paris envisage de s'engager dans une candidature aux Jeux olympiques de 2024, un tel retard pris dans l'extension de Roland Garros serait un très mauvais signal envoyé au CIO. Il réduirait considérablement nos possibilités de l'emporter", s'alarme la maire de Paris.
Selon des spécialistes du dossier, Mme Royal n'a pas dit son dernier mot et devrait monter au filet pour essayer d'obtenir gain de cause auprès du président François Hollande. Une réunion de la Commission supérieure des sites sur le sujet, présidée par la ministre, est prévue le 10 mars.