Unis-Cité, association pionnière du service civique, fête ses 20 ans

En 1995, trois étudiantes françaises et une de Yale  se sont inspirés d'une initiative américaine pour créer Unis-Cité, une association visant à favoriser l'engagement citoyen des jeunes de tous milieux. 20 ans plus tard, leur rêve d'un service civique "universel" semble en passe de se réaliser.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Quand elle a entendu François Hollande annoncer le 5 février qu'il voulait élargir le service civique à tout jeune qui en ferait la demande, Marie Trellu-Kane, cofondatrice et présidente d'Unis-Cité, a "crié victoire, pour tous ces jeunes". La dernière fois qu'elle avait ressenti un tel sentiment, c'était lorsque Jacques Chirac avait décidé, en 2005, de lancer le "service civil volontaire", prémices du service civique. "A chaque fois, c'est quand il y a des drames" qu'on décide de donner des moyens à ces initiatives, facteurs de cohésion, et "ça m'attriste un peu", ajoute-t-elle.

En 2005, le catalyseur avait été les émeutes de banlieue; dix ans plus tard, c'était les attentats à Paris. Dans son livre, "Changer le monde à 20 ans", publié le 5 mars (ed. Cherche-midi), Marie Trellu-Kane raconte comment, étudiante à l'Essec de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) avec Anne-Claire Pache et Julie Chénot, elle a rencontré une jeune Américaine de 22 ans, Lisbeth Shepherd.

Celle-ci fait découvrir aux trois jeunes femmes l'expérience City Year, lancée à la fin des années 80 à Boston par d'anciens étudiants d'Harvard, pour que des jeunes de toutes origines culturelles et sociales consacrent une année de leur vie à des actions utiles à la collectivité.

Marie, fille d'enseignants, est séduite par l'idée "que les gens fassent des choses ensemble pour sortir de leur préjugés", qu'ils réalisent "des missions d'utilité sociale tout en développant des compétences qui ne s'acquièrent pas sur les bancs de l'école".

- 'Missions utiles' -

En 1994, les quatre amies idéalistes lancent une expérimentation estivale à petite échelle, soutenues par des fonds privés. Puis en 1995-96, ce sont les débuts d'Unis-Cité, "en dehors de tout cadre légal et de toute reconnaissance officielle". L'objectif est que des jeunes "se rassemblent, qu'ils viennent des beaux quartiers ou des quartiers plus difficiles, qu'ils aient ou non fait des études, qu'ils viennent de différentes communautés. Et pendant une année ils vont aider d'autres gens: des personnes sans abri, des personnes âgées isolées, afin de sortir de leur milieu et faire des choses pour les autres", explique Marie Trellu-Kane.

Pendant des années, l'équipe d'Unis-Cité se démène pour obtenir un cadre légal, et un soutien public. "Il a fallu convaincre les politiques que ça ne pouvait pas rester une petite initiative citoyenne". Jusqu'au tournant des émeutes de banlieue de 2005, et le lancement du service civil volontaire. Par manque de crédits, celui-ci restera limité. Il faudra attendre la loi du 10 mars 2010, votée "à la quasi-unanimité des parlementaires", pour voir naître "un service civique digne de ce nom". D'autres associations et des collectivités locales s'y lanceront à leur tour. "Voté sous Nicolas Sarkozy, poursuivi et développé sous la gauche. Il faut arriver à garder cette unité" pour réussir à le développer, espère aujourd'hui Marie Trellu-Kane. Elle écarte l'idée, un temps évoqué, d'un service civique de seulement deux mois, non indemnisé, voire obligatoire. "Une cata", selon elle: "l'idéal c'est 8-9 mois, 6 mois c'est vraiment le minimum. En dessous de cette durée, ça n'a pas d'intérêt car les jeunes ne font pas de missions utiles, et ça n'a pas d'impact éducatif".

Quant à le rendre obligatoire, "il faudrait trouver 850.000 missions utiles, on n'en est pas capables. Pour moi la question ne se pose même pas". Sans parler des moyens nécessaires, évalués à plusieurs milliards d'euros. Unis-Cité accueille aujourd'hui 2.000 jeunes par an. Depuis 1995, 12.500 ont porté son "uniforme", un T-shirt orange.

L'association fête ses 20 ans lundi à la grande halle de la Villette à Paris, en présence de François Hollande.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information