Plusieurs milliers de blouses blanches (20.000, espèrent les organisateurs) sont attendues place Denfert-Rochereau (XIVe arr.) pour un départ prévu à 14H00
en direction du ministère de la Santé, dans le VIIe arrondissement de Paris.
"Non au projet de loi santé": peu habitués à descendre dans la rue, les médecins, dentistes ou encore infirmiers libéraux battent le pavé parisien
dimanche contre le texte de Marisol Touraine, avant le début de son parcours parlementaire et à une semaine des élections départementales.
Plusieurs milliers de blouses blanches - 20.000, espèrent les organisateurs - sont attendues place Denfert-Rochereau (XIVe arr.) pour un départ prévu à 14H00 en direction du ministère de la Santé, dans le VIIe arrondissement de Paris.
"Tous unis pour la santé de demain", les manifestants viennent crier leur colère contre "un projet de loi santé qui fait l'unanimité" contre lui, expliquait vendredi le président de l'Anemf (étudiants en médecine), Sébastien Foucher, au nom d'une dizaine de syndicats de médecins.
Tiers payant généralisé, "suradministration de la santé", "démantèlement des métiers médicaux", liberté d'exercice "menacée", "hospitalocentrisme", les libéraux répètent depuis des mois leurs griefs, allant jusqu'à fermer leurs cabinets en fin d'année et parfois refuser la carte vitale.
Depuis vendredi, certains syndicats les ont appelés à faire une grève des urgences et des gardes, en plus d'une fermeture des cabinets samedi.
Mais cette manifestation unitaire, que les syndicats annoncent comme la plus importante "depuis 2002" pour la revalorisation de la consultation à 20 euros, sera l'occasion pour le monde médical d'afficher sa force à l'approche du débat parlementaire.
Ils ont reçu samedi le soutien de l'UMP François Fillon.
Les différentes organisations se compteront aussi, à quelques mois des élections professionnelles prévues en fin d'année.
Lancé par les internes en janvier, l'appel à manifester a rapidement été relayé par les organisations de leurs aînés, puis par d'autres professionnels de santé
comme les dentistes ou les infirmiers.
Si certains d'entre eux, comme le collectif "Mouvement pour la santé de tous", réclament le retrait pur et simple du projet de loi, la majorité des syndicats représentatifs réclament une réécriture.
Les patrons de cliniques, échaudés par la baisse de leurs tarifs et s'estimant discriminés par rapport à l'hôpital public, sont attendus en bonne place dans le
cortège. Même l'Ordre des médecins, d'ordinaire discret, a affiché son "soutien" à la manifestation.
Marisol Touraine a pourtant lâché du lest lundi dernier, en acceptant quelques aménagements à son texte qui comporte aussi un important volet prévention. Elle a notamment reculé sur la délégation de la vaccination aux pharmaciens, qui fera l'objet d'"expérimentations" au lieu d'être inscrite dans la loi.
Pas de quoi apaiser les médecins
La ministre a néanmoins maintenu son objectif d'étendre le tiers payant (dispense d'avance de frais lors des consultations) à tous les Français en 2017. Promesse de campagne de François Hollande, la mesure, plébiscitée par les patients, est aussi la plus critiquée par les libéraux qui redoutent une "usine à gaz". "Les médecins ne veulent pas intérioriser le bazar administratif que représentent les régimes d'assurance maladie", résume ainsi Claude Leicher, le président de MG France, peu convaincu par les garanties promises, notamment le versement de pénalités par l'assurance maladie en cas de retard dans les remboursements.
Plus généralement, les contestataires dénoncent les lacunes d'un projet de loi décevant au regard de la stratégie nationale de santé, la feuille de route pour
le quinquennat dévoilée en 2013. Le texte "met seulement des rustines sur un système à bout de souffle", juge Jacques Olivier Dauberton, président du syndicat Reagjir (jeunes généralistes), pour qui les moyens alloués aux soins de proximité ne sont pas suffisants.
De son côté, Marisol Touraine assure "avoir entendu les préoccupations des médecins". Au début du mois, devant plus de 700 étudiants en médecine, elle avait déclaré ne pas craindre la manifestation, affirmant qu'elle serait "dans son bureau".
Petite consolation pour la ministre, les cinq intersyndicales de praticiens hospitaliers ont affiché leur soutien à son projet de loi.