Deuxième jour du procès des meurtriers présumés de Clément Méric. La matinée a été consacrée à l’enquête de personnalité de Samuel Dufour, accusé de coups mortels.
Ce mercredi, au deuxième jour du procès sur la mort de Clément Méric, jeune militant antifasciste tué lors d’une bagarre en juin 2013, la Cour d’assises de Paris s’est longuement penchée sur la personnalité de Samuel Dufour, accusé tout comme Esteban Morillo, de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, en réunion et avec arme ». Un crime passible de 20 ans de prison.
L'ex-skinhead Samuel Dufour, jugé à Paris pour des coups mortels contre Clément Méric, a fait part mercredi de son sentiment d'injustice après un an de détention provisoire et alors qu'il affirme n'avoir "jamais frappé" le militant antifasciste. Le jeune-homme qui était arrivé en retard lundi au procès, car retenu au commissariat pour contrôlé d’identité, a paru fermé, parfois bloqué, ne comprenant pas pourquoi il est au tribunal. Plusieurs fois il va répéter qu’il n’a pas frappé Clément Méric, répondant parfois avec difficulté aux questions de ses propres avocats. « Peut-être parce que le crime qu’on lui impute est trop énorme » souligne Maître Antoine Vey.
Son autre avocat, Julien Fresnault tente de l’interroger. Samuel Dufour est bloqué, balbutie : « Je suis jugé pour des coups sur Méric alors que je lui ai pas mis de coups ». #ClementMeric @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 5 septembre 2018
Apprenti boulanger puis vigile
Aujourd’hui, boulanger à Rouen, Samuel Dufour dit avoir rompu avec ses anciennes connaissances du groupuscule d’extrême-droite 3e voie. En revanche, contrairement à Esteban Morillo, également sur le banc des accusés, il ne cache pas ses convictions politiques. Des idées qu’il tient de son père : « dans la famille, on est patriotes, dira t-il. Il encourt jusqu’à 20 ans de prison.
L’avocat de Samuel Dufour, Maître Antoine Vey : « On va pas tourner autour du pot, oui vous avez eu des propos racistes, homophobes. Vous avez eu conscience de ça ? - Non. Votre père est-il d’extrême droite ? - On est patriotes. » #ClémentMeric @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 5 septembre 2018
Ce mercredi après-midi, deux policiers chargés de l’enquête ont ensuite été entendus. Et ont fait part des témoignages contradictoires qu’ils ont pu recueillir. Notamment sur l’implication de Samuel Dufour dans les coups mortels. Pour le policier chargé de l’enquête en flagrance, il semble peu probable que Samuel Dufour ait frappé Clément Méric. Car d’après plusieurs témoins, il était en train de se battre avec Matthias Bouchenot. Une version confirmée lors de l’enquête par l’ami de Clément Méric.
Autre question : l’utilisation ou pas d’un coup de poing américain. Selon le premier enquêteur, aucun élément ne certifie cette thèse. Le policier de la brigade criminelle en revanche dira que 5 témoins sur 11 l’ont affirmé. Des versions contradictoires que les jurés devront apprécier.
Selon l’agent de la brigade criminelle interrogé à présent, sur 11 témoins de la rixe dans la rue, 5 ont parlé de poing américain « ce qui n’est pas anodin ». En revanche, l’agent estime qu’il est peu probable que S.Dufour ait donné le coup fatal à #clementmeric @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 5 septembre 2018
L’audience devait se poursuivre par l’audition des parents de Clément Méric ce soir. Un témoignage très attendu car depuis la mort de leur fils il y a 5 ans, le couple a tenu à rester très discret. En marge des manifestations ou la photo de leur fils était parfois brandie comme une icône. En marge surtout des récupérations politiques. Une attitude qu’ils ont conservé depuis le début du procès, réservant leurs déclarations à la cour.