L'avocat général a requis 6 ans de prison à l'encontre de l'ex-secrétaire d'État Georges Tron, jugé pour viols, ainsi qu'une inéligibilité de 5 ans. Le maire de Draveil (Essonne) comparaît depuis le 23 octobre à Bobigny avec Brigitte Gruel, son ancienne adjointe à la Culture.
L'avocat général l'affirme sans fard : "Je présente avec vous mon intime conviction. Et mon intime conviction est que Monsieur Tron et Madame Gruel sont coupables des faits qui leur sont reprochés."
Il a ainsi requis une peine de 6 ans de prison et l'inéligibilité de 5 ans à son encontre et 4 ans de prison pour Brigitte Gruel.
Depuis mai 2011, deux ex-employées municipales, Virginie Ettel et Eva Loubrieu les accusent de leur avoir ensemble imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010. Georges Tron avait démissionné le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique.
Le fondement des réquisitions de l'avocat général se situent dans la relation entretenue entre les parties : "Il y a des séances de réflexologie chez le maire... à 3. Vous trouvez cela normal ? Et puis de la réflexologie qui dérape dans du sexe, avec Mme Gruel. On est loin de l’image favorable que M. Tron a voulu donner de lui au début de ce procès."« Le viol, ça laisse des dégâts et longtemps après. Le son, le bruit, les hurlements de G #tron qui font sursauter Eva Loubrieu. Le viol, c’est ça, c’est pas simplement un doigt dans la chatte, c’est beaucoup plus profond. » @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 14 novembre 2018
Et d'ajouter : "Et puis il y a du sexe accepté et du sexe pas accepté" puis fait la liste des personnes qui sont venues parler de sexe à la barre. "Il faut enlever ses lunettes roses et regarder ce dossier dans tous les aspects sales qu’il recouvre."
"Vous avez dû développer une force inouïe"
Le magistrat a salué les plaignantes dans sa plaidoirie : "Je voudrais m’adresser à vous Mesdames Loubrieu et Ettel et vous dire que votre situation m’a touché, que vous avez dû développer une force inouïe, du courage, de la folie aussi."Pour Me Loïc Guérin, avocat d'Eva Loubrieu, Georges Tron a créé autour de lui un "système de dépendance, un réseau d'obligés" qui "se double d'une véritable omerta". "Quand on marche droit, on est récompensé à Draveil"."Ma cliente était prise au piège comme tant d'autres avant, après, peut-être aujourd'hui encore." "C'est une survivante que vous avez devant vous", dit-il aussi, évoquant ses tentatives de suicide.
"Mode opératoire" de Georges Tron
Outre les plaignantes, plusieurs femmes ont estimé devant la cour d'assises que la réflexologie entrait dans un "mode opératoire" de l'élu pour lever leurs défenses.Lors de son audition, lundi après-midi et mardi matin, Georges Tron s'est présenté comme un "pédagogue", un "prosélyte" de cette pratique qui a pu être "imprudent de ne pas comprendre que ça pouvait être exploité" contre lui.Un juré lui demande ce qu'il ressent quand il fait des points de pression sur les pieds. "Cela ne me procure que de la concentration. Pour moi, c'est du prosélytisme, j'ai un désir de convaincre (des bienfaits de la pratique) et de soulager. Je n'éprouve de la satisfaction que si le résultat est atteint", répond-il.
Le procès a été dépaysé en Seine-Saint-Denis, hors du département de l'Essonne dont Georges Tron est l'un des barons: maire (LR) depuis 1995, conseiller départemental et ancien député.