Ils ont passé jusqu'à quatre ans en détention provisoire, accusés à tort d'avoir attaqué des policiers au cocktail Molotov en 2016 dans l'Essonne. Sept jeunes hommes que l’on appelle les « acquittés de Viry-Chatillon » seront indemnisés.
Deux ans après leur acquittement dans cette affaire qui remonte à 2016, c’est une nouvelle étape dans leur combat pour la justice et pour la vérité : la reconnaissance et l’indemnisation du préjudice moral causé par des mois passés en prison. Lundi, la cour d'appel de Paris a rendu sa décision : les sept jeunes hommes, issus du quartier sensible de la Grande Borne, doivent toucher une moyenne de 100 euros par jour passé derrière les barreaux. Ceux qui ont été incarcérés le plus longtemps obtiendront 150.000 euros. Certains se sont vus aussi reconnaître un préjudice matériel obtenant une indemnisation destinée à compenser leur déscolarisation ou leur perte d'emploi.
Au total, la cour d'appel condamne l'Etat à verser à ces sept jeunes, qui ont fait entre quatre et 50 mois de prison, des sommes comprises entre 16.000 et 245.000 euros. Le cas du dernier des huit acquittés sera étudié lundi en audience.
Des sommes en deçà des attentes et des conséquences sur la vie des acquittés
Leurs avocats demandaient des sommes entre 20.000 et un million d'euros. Ils sont déçus et en colère comme Me Sarah Bounoughaz "C'est une provocation, presque un appel à la révolte". Me Simonard reconnaît de son côté qu’ "une réparation financière ne peut être que symbolique. Cette indemnisation ne répare évidemment pas les souffrances subies durant 34 mois dans une maison d'arrêt vétuste".
"C'est une provocation, presque un appel à la révolte"
Me Sonia Bounoughaz
Plusieurs avocats envisagent de saisir la Chancellerie pour que leurs clients bénéficient d'une procédure exceptionnelle comme celle utilisée pour dédommager les acquittés d'Outreau. Ils pourraient aussi contester la décision devant la commission nationale de réparation des détentions de la Cour de cassation.
L'ombre des faux procès-verbaux des policiers
Les avocats rappellent que sur la procédure qui a envoyé ces jeunes en détention plane l'ombre de falsifications des procès-verbaux des policiers. Après plusieurs plaintes, le parquet de Créteil a ouvert une information judiciaire contre X pour "faux en écriture publique", "escroquerie au jugement" et "violences volontaires", le tout par "personne dépositaire de l'autorité publique". "Mes clients n'ont toujours pas été entendus plus de deux ans après le dépôt de leur plainte en leur qualité de partie civile", regrette Me Sarah Mauger-Poliak.
Brandon, qui avait 16 ans quand il a été incarcéré, a passé trois ans derrière les barreaux avant d'être innocenté. Au micro de France inter il estimait que la liberté n’a pas de prix et que rien ne pourra remplacer les années et une part de sa jeunesse injustement perdues. "L'histoire sera réglée quand les enquêteurs auront répondu aux questions qu'on veut leur poser", estime-t-il.
Avec AFP