Colère des agriculteurs : des tracteurs de la Coordination rurale convergent vers Paris, des actions bloquées ou ralenties par les forces de l'ordre

Des tracteurs ont été temporairement bloqués ce lundi matin à Orveau en Essonne, alors que la Coordination rurale a organisé plusieurs points de rassemblement en Île-de-France. Le syndicat agricole avait appelé ses adhérents à bloquer certains accès de la capitale pour protester notamment contre l'accord commercial UE-Mercosur.

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En tracteur ou en voiture, des agriculteurs de la Coordination rurale convergent ce lundi vers Paris, retenus ou ralentis par les forces de l'ordre. Une dizaine de tracteurs et une quinzaine de voitures qui stationnaient au niveau de la zone industrielle d'Ablis Nord, dans les Yvelines, ont forcé le passage et se sont engagés sur la route nationale N10, avant d'être bloqués au niveau des Essarts-le-Roi, annonce l'AFP de source policière.

Un autre convoi était arrêté à Orveau, dans l'Essonne, mais les agriculteurs ont quitté le point de rassemblement : certains ont organisé un blocage de la RN 20 à la sortie d'Etampes, et d'autres sont partis vers la sucrerie d'Artenay, dans le Loiret, selon France Télévisions. Des petits convois ont par ailleurs progressé de nouveau en Seine-et-Marne, sur la RN 4 en direction de Paris.

Christian Convers, secrétaire général du syndicat, dit avoir envoyé un message au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et au chef de cabinet du Premier ministre pour demander "un point de chute dans Paris". Les autorités peuvent faire "l'encadrement qu'il faut mais nous on assure qu'il n'y aura aucun problème de débordement", a-t-il ajouté. "Que les parlementaires puissent venir discuter un moment avec nous, et on repartira. On n'est pas là pour camper à Paris, on n'est pas là pour embêter les Parisiens", a-t-il dit sur RMC. 

Des convois de tracteurs se sont mis en route dès dimanche depuis différentes régions de France, mais aucun n'est rentré dans la capitale. Christian Convers avait été brièvement interpellé par la police dimanche en fin d'après-midi à Paris, au moment où il arrivait en voiture pour participer à un regroupement symbolique place du Brésil, en protestation contre le récent accord commercial entre l'UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay). Un accord accusé par les agriculteurs français de favoriser l'importation de produits à bas coûts et aux normes environnementales moins élevées que celles qui leur sont imposées.

La préfecture de police de Paris a interdit les rassemblements non déclarés de dimanche 18h à lundi 12h dans un large périmètre du centre de Paris, incluant notamment Matignon et le ministère de l'Agriculture, "considérant les appels à manifester le 5 janvier 2025 lancés par un syndicat agricole en vue de bloquer la capitale". La préfecture du Val-de-Marne en a fait de même autour du marché de Rungis et sur l'autoroute A6.

Des actions menées juste avant les élections aux chambres d'agriculture

Ce lundi, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard (LR) a réagi en disant comprendre "l'inquiétude" des agriculteurs de la Coordination rurale, en insistant toutefois sur la nécessité de ne pas "bloquer Paris un jour de rentrée scolaire". "Ils ont exprimé le souhait de bloquer Paris. Non, on ne bloque pas, en plus un jour de rentrée scolaire, un jour de rentrée pour les Français. Pas de blocages qui compromettent finalement l'image des agriculteurs auprès des Français. Et pas de violence", a-t-elle prévenu, interrogée sur TF1.

La ministre a évoqué une mobilisation de 200 agriculteurs et d'une cinquantaine de tracteurs sur l'ensemble du territoire. François Bayrou doit rencontrer les syndicats agricoles dans une semaine mais la Coordination rurale, coutumière des actions coup de poing, souhaitait obtenir dès à présent des garanties du Premier ministre.

"Dès que le budget sera voté, on mettra en œuvre toutes les mesures sur la transmission, sur les vaches laitières, sur le gazole non-routier, toutes les aides négociées depuis plusieurs années", a déclaré de son côté Amélie de Monchalin, la ministre des Comptes publics, ce lundi matin sur France 2. Selon Amélie de Monchalin, si aucun nouveau budget n'était adopté, le gouvernement serait cantonné à prendre des mesures en urgence. "Tous les mécanismes de soutien à la trésorerie, à la transmission, à l'investissement et à l'installation des jeunes agriculteurs, cela demande un budget," a-t-elle souligné.

Les actions de la Coordination rurale, qui lui donnent une visibilité médiatique et syndicale, interviennent à la veille du lancement de la campagne pour les élections aux chambres d'agriculture. Ces élections, organisées du 15 au 31 janvier, détermineront les nouveaux rapports de force entre syndicats agricoles, parmi lesquels la FNSEA est largement dominante selon le dernier scrutin de 2019.

Les quatre principaux syndicats, dont la Coordination rurale, doivent être reçus à Matignon le 13 janvier.

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