En 20 ans, les radars ont permis de sauver plus de 20 000 vies

Les radars fêtent leurs 20 ans ce 27 octobre. Le premier à avoir été installé l'a été à la Ville-du-Bois dans l'Essonne. Un chercheur rappelle l'importance du dispositif pour la sécurité routière.

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Nul ne sait combien de conducteurs le radar fixe de la RN20 à la Ville-du-Bois (Essonne) a permis de verbaliser (les chiffres ne sont plus publics). Mais, ce qui est sûr, c'est qu'il a sauvé des vies.

La sécurité routière indique ainsi que "mis en place en 2003, le contrôle automatisé a concouru à une baisse durable de l’accidentalité et de la mortalité sur les routes de France : en 2002, on enregistrait 7 242 tués sur les routes contre 3 267 en 2022 soit 3 975 tués de moins et une baisse de plus de 45%".

Cinq questions à Laurent Carnis, directeur de recherches à l'université Gustave Eiffel (Seine-et-Marne), et spécialisé sur les questions de sécurité routière.

Peut-on établir clairement le lien entre radars automatiques et baisse de la mortalité sur les routes ?

Nous avons mené une étude avec un collègue canadien en 2015. C'est une première étude qui étudiait justement l'impact du contrôle automatisé de la vitesse sur l'accidentalité routière. Nous avions trouvé que sur les 10 premières années, cela avait sauvé environ 15 000 vies. Quelques années après, nous avons réétudié la chose et nous avons confirmé ces chiffres. Il y avait toujours cet effet d'efficacité, d'impact du contrôle des radars automatisés sur l'accidentalité routière.

Si on fait l'hypothèse que cet effet perdure et que des vies sont sauvées grâce à ce dispositif, je pense que l'on peut estimer aujourd'hui à environ 20 à 25 000 vies sauvées par le dispositif du contrôle de la vitesse automatisée. C'est considérable.

Est-ce que les applications qui permettent de savoir où se trouvent les radars fixes ont baissé l'impact sur l'efficacité de ces radars ? 

Je peux pas vous répondre au sens où je n'ai pas mené d'études donc je n'ai pas de validation statistique allant dans un sens ou dans un autre. C'est également toute la question de signaler par des panneaux de signalisation les radars. Certains disent que cela fait partie du dispositif et que si les gens ralentissent lorsqu'ils voient un radar, c'est l'effet recherché. Cela pose plusieurs questions : est-ce que les gens accélèrent après avoir passé le dit radar ? Et si d'autres personnes indiquent la position des radars, est-ce que cela n'empêchent pas un changement de comportement finalement ?

Et à l'étranger ?

Il existe une étude australienne. En général, ceux qui utilisent ce genre de dispositifs pour éviter les radars sont des gens qui ont des conduites plus agressives. Ce ne sont pas forcément des monstres mais ils ont des vitesses de circulation plus élevées, des tendances à moins respecter les réglementations routières.

Cependant, au tout début, l'État français mettait en ligne la carte des radars fixes. D'ailleurs, elle existe toujours même si elle a évolué depuis. Les radars fixes ont toujours été signalés par des panneaux respectant une certaine distance. Aujourd'hui, on a évolué dans la stratégie.  Vous voyez de temps en temps des panneaux qui vous disent que vous êtes susceptible de rencontrer un radar sur 10 ou 15 km sans vous dire exactement où celui-ci est. D'ailleurs, parfois il n'existe pas. Il y a aussi des campagnes faites par les forces de l'ordre pour dire qu'ils vont faire des contrôles sur tel réseau routier, justement pour démultiplier l'effet recherché qui consiste à ce que les gens respectent les limitations de vitesse.

De nombreux automobilistes pensent toujours que les radars ne sont là que pour remplir les caisses de l'État, que leur répondre ? 

Pour le cas français, ce n'est pas un bon argument. Il est vrai que cela rapporte beaucoup d'argent, mais ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est qu'il s'agit d'un dispositif autofinancé. Il n'y a pas beaucoup de politiques publiques qui permettent de réduire les effets négatifs, donc des accidentalités routières, tout en se finançant lui-même.

Cela a permis de réduire de manière substantielle les excès de vitesse, notamment les plus grands, ceux de 40 et 50 km/heure. Maintenant, c'est quelque chose de résiduel. Enfin, là où les radars rapportent le plus d'argent, c'est si l'on valorise économiquement les vies sauvées. Ce sont des dépenses médicales en moins, des familles qui ne sont pas meurtries, des gens qui n'auront pas de séquelles. Cela a aussi une valeur au niveau d'une société. 

Existe-t-il des exemples de politiques publiques dont la France pourrait s'inspirer ?

Dans le Dorsey (Royaume-Uni), les autorités ont fait quelque chose de très intéressant. Ils proposent aux personnes qui commettent des excès de vitesse les moins élevés, sur les premiers seuils de vitesse, de suivre un cours de formation sur les conséquences de leur conduite pour changer leur manière de voir la vitesse et changer leurs comportements.

Le cours coûte 130 £ et dure trois heures. Cela vous évite l'amende de 100 £ et de perdre des points. Vous n'y avez le droit qu'une seule fois tous les 3 ans. Cela a une portée éducative qui, mêlée à l'application de la loi classique (retraits de points, amendes), apporte une dimension pédagogique. Attention, ce n'est pas comme le cours pour retrouver des points en France, c'est géré par la police et je trouve cela très intéressant.

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