Dans une lettre anonyme déposée ce lundi 10 octobre, le proviseur du lycée Georges Brassens d'Évry-Courcouronnes (Essonne) a reçu des menaces de mort envers un de ses professeurs d'Histoire-géographie. "On va lui faire une Samuel Paty" est-il notamment inscrit, deux ans après l'assassinat de l'enseignant de Conflans-Sainte-Honorine.
La lettre a été déposée directement au lycée Georges Brassens d'Évry-Courcouronnes. Adressée au proviseur, l'auteur anonyme y menace de mort un des professeurs d'Histoire-géographie de l'établissement. Les mots sont explicites, et font référence à l'assassinat de Samuel Paty, décapité il y a tout juste deux ans à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). "On va lui faire une Samuel Paty à lui et son père le vieux rabbin sioniste. Les juifs, on en veut pas dans des lycées, restez dans vos synagogues." Des propos d'une extrême gravité.
"Le commissariat est intervenu de suite", explique-t-on au parquet d'Évry. Le professeur visé, qui n'indique aucun incident récent, a été placé sous protection policière, tout comme l'établissement. Une plainte a été déposée, par le chef d'établissement et le professeur, et une enquête a été ouverte pour menace de mort sur personne chargée d'une mission de service public. Des prélèvements ont été réalisés même si il y a forcément des "difficultés de traçabilité".
"La haine antisémite inadmissible inacceptable, immonde", a réagi de son côté Isabelle Rome, ministre chargée de l'Egalité femmes hommes. "Deux ans après l'assassinat de Samuel Paty par la barbarie islamiste, nous devons ne rien laisser passer. Le racisme, l'antisémitisme et le rejet de la République doivent être combattus partout. Soutien à cet enseignant", a-t-elle ajouté.
Deux ans après l'assassinat de Samuel Paty
Cet incident intervient alors que les écoles, collèges et lycées de France sont invités à rendre hommage à Samuel Paty. Ce professeur d'Histoire-géographie de 47 ans a été tué en octobre 2020, près de son collège par un terroriste islamiste d'origine tchétchène, lui reprochant d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.
Autre fait inquiétant, cette fois dans le Haut-Rhin, début octobre : un professeur du lycée Scheurer-Kestner de Thann a lui aussi subi des menaces. Elles sont venues de l'oncle d'une de ses élèves, après qu'il ait abordé en classe la liberté d'expression, les caricatures de Mahomet et de Charlie Hebdo.
Le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, avait déjà prévenu que les remontées du terrain confirmaient "une hausse des signalements" d'atteintes à la laïcité à l'école depuis la rentrée pour "le port de vêtements". Selon un rapport, 313 atteintes au principe de la laïcité ont été signalées dans le secondaire le mois dernier.