Le conseil départemental a lancé cet été un appel d’offres auprès des chasseurs, pour réguler la faune sauvage sur son territoire. De quoi provoquer la colère d’élus d'opposition.
La démarche est inédite. Le conseil départemental de l’Essonne, présidé par François Durovray (LR), a lancé un appel d’offres de marché public dans le but de confier la régulation de la faune sauvage sur ses espaces naturels à un prestataire privé. Le contrat, de 200 000 euros maximum sur quatre ans, concerne principalement les sangliers.
L’initiative provoque des critiques du côté de l’opposition départementale. "Pourquoi ne fait-on pas plutôt un appel à candidatures de chasseurs en Essonne pour venir réguler les espaces départementaux ?", questionne Olivier Thomas, conseiller départemental d’opposition (Divers - écologiste).
"Tant qu’il y a des chasseurs qui paient pour chasser, pourquoi aller payer les chasseurs pour le faire ? Il y a quelque chose qui me semble un peu incongru", estime l’élu.
Généralement, les chasseurs paient pour chasser : 100 à 150 euros par jour en moyenne en Essonne, en plus des cotisations annuelles. Le but est de compenser notamment les dégâts aux agriculteurs ou financer la réintroduction de petits gibiers.
"Le risque, c’est de voir des sociétés privées qui régulent les animaux"
Cet appel d’offres serait-il une subvention déguisée à la chasse ? Non, répond Nicolas Méary, vice-président du conseil départemental en charge de la biodiversité et de la transition écologique. Il met en avant une facture en hausse chaque année : "C’est une polémique inutile. Il y a une augmentation de la population de sangliers, donc une augmentation du besoin de prélèvements. On cherche les meilleures solutions pour pouvoir effectuer ces prélèvements."
"Dans un certain nombre de cas, c’est fait avec les sociétés locales de chasse. Il y avait un travail qui se faisait avec la Ficif (Fédération Interdépartementale des Chasseurs d’Île-de-France) depuis des années. On a cherché de meilleures modalités juridiques parce qu’il faut qu’on règle la population de sangliers", ajoute-t-il.
Seule la Ficif a répondu à l’appel d’offres, qui devrait donc être relancé. Yannick Dumas, président de la société de chasse de Marcoussis, pointe toutefois du doigt un danger : "Le risque, c’est de voir des sociétés privées qui régulent les animaux, plutôt que des associations de chasseurs comme ça s’est toujours fait depuis que la population française a le droit de chasse. Et puis c’est le contribuable qui paiera."
Chaque année, on estime à 200 000 euros les dégâts occasionnés par le grand gibier sur les cultures dans le département. Les deux tiers sont imputables aux sangliers, d’après la préfecture.