L'ancien maire d'Evry et actuel député de l'Essonne a officialisé son intention de briguer la mairie de Barcelone, ce mardi 25 septembre. L'ancien Premier ministre a également annoncé qu'il allait démissionner de son mandat de député en France.
C'était un secret de polichinelle. Manuel Valls a officialisé sa candidature à la mairie de Barcelone, ce mardi 25 septembre. En France, son avenir politique devenait compliqué depuis une élection à la députation dans l'Essonne difficile et un monde politique qui semble l'avoir enterré. Alors il l'affiche aujourd'hui clairement : oui, il veut conquérir la mairie de Barcelone. Mardi soir, l'ancien Premier ministre français a également annoncé qu'il allait démissionner de son mandat de député en France.
Le pari est risqué mais la victoire serait éclatante. Une tentative inédite, surtout dans une ville comme Barcelone, deuxième ville d'Espagne avec ses 1,6 million d'habitants, où il est né il y a 56 ans. S'il a essayé d'entretenir le suspense, il n'y avait que peu de doutes sur ses intentions. Il avait laissé quelques indices comme cette photo de ses pieds sur les pavés de la ville légendée "Barcelona...". Autre signe, la convocation de la presse pour son annonce provenait de l'expéditeur "Valls 2019".
Barcelona... pic.twitter.com/6IAsPznecP
— Manuel Valls (@manuelvalls) 21 septembre 2018
Anti-indépendantiste farouche
A peine candidat, il suscite déjà de fortes oppositions. Surtout du côté des indépendantistes qui dénoncent un parachutage : "Je ne sais pas ce qu'il vient faire ici. J'imagine que comme on n'en veut pas en France, il vient à Barcelone", commentait une militante selon l'AFP.Une position défendue par une figure de ce camp politique, Carles Puigdemont : "C'est un candidat qui ne connaît pas Barcelone, qui n'est pas connu à Barcelone", et d'ajouter : "Pour savoir qui est Manuel Valls, ce qu'il peut offrir, il suffit d'écouter ce que disent les Français."
Si ces arguments peuvent le présenter comme un arriviste, il peut aussi essayer de capitaliser dessus en essayant de réunir le camp loyal au Royaume d'Espagne. Manuel Valls est déjà assuré du soutien du parti libéral Ciudadanos, fer de lance de l'opposition à l'indépendantisme, qui l'invitait depuis plusieurs mois à porter ses couleurs.
Quelles sont ses chances ?
Les experts sont divisés sur ses capacités à réussir. "Ses chances d'être maire sont minces", estime le politologue de l'Université de Barcelone Jordi Muñoz. Un pari "risqué" mais pas "suicidaire" pense pour sa part Joaquim Coll, historien et analyste politique proche de Valls.Il n'a pour l'heure pas convaincu les deux autres partis anti-indépendantistes, le Parti socialiste à gauche et le Parti populaire à droite, de se rallier à sa candidature. Les élections auront lieu en mai 2019. Celui qui a toujours su se faire des ennemis n'a donc plus que 8 mois pour nouer des amitiés politiques. Une gageure pour Manuel Valls.
Les premières réactions
Premiers à réagir, des élus La France Insoumise (LFI). Interrogée sur Twitter, Farida Amrani, ancienne opposante à la députation de l'Essonne de Manuel Valls a déclaré : "A Evry, il a été élu avec les voix de gauche. A Barcelone, il va essayer de se faire élire avec les voix de droite."Alexis Corbière, député LFI, aurait aimé qu'il parle d'abord aux électeurs de l'Essonne où il est élu : "On aurait pu avoir un geste élégant qui d'abord s'adressait à ses électeurs." Et de poser la question de sa démission, qui a créé la polémique : "S'il ne le fait pas et on ne le lâchera pas, il entache son début de campagne qui serait marqué par la magouille." L’ancien Premier ministre a depuis annoncé qu’il allait démissionner de l’Assemblée nationale.