Cette enquête a été diligentée par l'École polytechnique sur une période allant de septembre 2018 à février 2022. Dix étudiantes et un étudiant disent avoir été victimes de ces faits.
La question a été diffusée à tous les anciens étudiants de l'École polytechnique, située à Palaiseau dans l'Essonne : "Durant votre scolarité à l'École polytechnique, a-t-on essayé ou est-on parvenu à avoir un rapport sexuel avec vous contre votre gré ?".
À cette question, dix étudiants, dans l'immense majorité des étudiantes, ont répondu "oui, une fois", une personne ayant répondu : "oui, plusieurs fois". Il s'agit de dix femmes et d'un homme. À chaque fois, l'agresseur était un homme.
"Nous ne pensions pas avoir autant de cas. Nous avons été très choqués par les résultats", explique à franceinfo le directeur général de l'École polytechnique, François Bouchet. Il explique que "dès la prise de connaissance des résultats", un signalement a été fait auprès du procureur de la République de l'Essonne.
Nombreux signalements d'agression sexuelle
Dans le rapport, on apprend également que près d’une étudiante sur quatre interrogée (23,1%) affirme avoir été victime d’une agression sexuelle depuis le début de sa scolarité dans l’établissement. Les étudiantes concernées parlent notamment d'attouchements, sans leur consentement, sur leurs seins ou leurs fesses, ou de situations dans lesquelles elles ont été "coincées" pour être embrassées.
Il y a également quinze signalements d'étudiants, en très grande majorité d'étudiantes, forcés ou forcées à "subir des attouchements du sexe". Trois jeunes femmes disent aussi avoir été droguées à leur insu pendant une fête étudiante alcoolisée.
L'enquête met également en lumière cinquante signalements, là aussi dans une immense majorité réalisés par des étudiantes, d'un "acte sexuel pratiqué alors que le consentement n'était pas plein et entier."
Libérer la parole
"Nous faisons tout pour qu'il n'y ait plus jamais ce genre d'actes dans notre école. Evidemment, nous souhaitons des suites judiciaires", ajoute François Bouchet. "Cependant, en l'état, nous ne pouvons que signaler des cas qui sont anonymes. Nous ne pouvons qu'encourager les victimes, et les témoins, à déclarer ce qu'elles ont vécu, ce qu'ils ont vu."
L'École polytechnique constate, dans ce rapport, qu'il existe "une très forte corrélation entre consommation d'alcool et atteintes sexuelles ou sexistes". Les résultats de ce questionnaire "doivent accentuer la prise de conscience de tous", poursuit l'établissement, qui va reconduire cette enquête de façon régulière et qui va organiser, "dans les plus brefs délais", des ateliers de travail obligatoire pour les étudiants.
L'établissement parle également de "mettre en place de mesures conservatoires dès que possible", ainsi que "des sanctions disciplinaires lorsque cela est possible sans entraver l'action de la justice".
Cette enquête interne a été menée par l'établissement entre le 19 janvier et le 6 février 2022. 2 097 étudiants ont participé à cette enquête, soit un taux de participation de 61%.