Dominique F., cadre dans une grande entreprise, est accusé d'avoir logé jusqu'à 15 personnes dans un F6 à Grigny 2 dans des conditions particulièrement indignes.
Des mères isolées avec leurs enfants qui cohabitent avec des hommes inconnus dans un F6 et dans des conditions indignes. Des locataires ont porté plainte contre le propriétaire de cet appartement, Dominique F., accusé d'être un marchand de sommeil et d'avoir profité de la vulnérabilité de familles pour les contraindre à la cohabitation dans une immense copropriété de l'Essonne.
Le ministère public a requis ce mardi deux ans d'emprisonnement, dont un avec sursis, 100 000 euros d'amende et la confiscation des biens visés.
Il a été accablé par les témoignages de ses locataires, qui fustigeaient l'humidité, une installation électrique dangereuse ou la présence de cafards et punaises de lit.
De son côté, Dominique F., visiblement agacé devant le tribunal d'Evry, a argué que les "logements étaient en bon état" : "ce n'est pas au propriétaire de nettoyer les VMC", "j'ai contacté des entreprises de désinsectisation".
Des rapports de l'Agence régionale de santé ainsi que des arrêtés préfectoraux de suroccupation confortent les versions des plaignants, qui accusent encore leur propriétaire de les avoir menacés et refusé de les reloger.
Cadre dans une grande entreprise
Dominique F. est un cadre supérieur dans une grande entreprise où il gagne plus de 5 000 euros mensuels. Il possède une centaine d'appartements dont une soixantaine à Grigny 2, générant des revenus locatifs annuels de 636 000 euros, a rappelé mardi le procureur Jean-Marc Parisot.
Ce dernier a relevé "l'insolence voire l'arrogance" du propriétaire, le reprenant sur son attitude à plusieurs reprises et demandant que la vulnérabilité des victimes soit retenue comme circonstance aggravante.
"Un panel de la misère du monde", a abondé l'avocate Anne-Catherine Fontaine, citant des étrangers en situation irrégulière, personnes handicapées, mères isolées, etc.
Ce dossier est "emblématique (...) de l'aspirateur à misère qu'est devenu Grigny 2", a poursuivi l'avocate de la mairie de Grigny, partie civile. Sortie de terre dans les années 60, cette copropriété a "fait faillite" en raison notamment "des charges impayées" et accueille désormais "des nouveaux occupants toujours plus pauvres, toujours plus fragiles", a expliqué l'avocate.
Le maire de Grigny Philippe Rio, présent à l'audience, a déclaré être "heureux que la parole se soit libérée".
L'accusé demande la relaxe
"On veut faire de Dominique F. un bouc émissaire", a dénoncé son avocat Dominique Polion, "ce n'est pas un dossier emblématique, c'est un dossier parmi d'autres".
L'avocat a également argué qu'"en 13 ans de tentatives, aucune poursuite n'avait été engagée" contre son client, un procureur jugeant même en 2017 "ne pas avoir assez d'éléments" pour ce faire. Il a demandé au tribunal la relaxe "pure et simple" du prévenu.
La décision sera rendue le 16 novembre.