Youssef Tihlah, jugé à Paris par la cour d'assises spéciale, a été condamné à 24 ans de prison pour une attaque à la voiture-bélier qui avait blessé deux policiers à Colombes (Hauts-de-Seine) en avril 2020. Une lettre de revendication et d'allégeance au groupe jihadiste État islamique avait été retrouvée dans la voiture de l'assaillant.
La cour d'assises spéciale de Paris a condamné ce vendredi Youssef Tihlah à 24 ans de réclusion, assortis de la sûreté aux deux tiers, pour l'attaque à la voiture-bélier. Deux policiers avaient été grièvement blessés.
L'avocate générale avait requis plus tôt dans la journée 30 ans de réclusion, dont une période de sûreté de 20 ans, à l'encontre de cet homme de 33 ans, jugé pour tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.
Dans son réquisitoire, l'avocate générale, Marine Valentin, a insisté sur "l'intention" de l'assaillant "d'inscrire son attaque dans une dimension terroriste", soulignant qu'il a adopté une "rhétorique jihadiste" jusqu'au "dernier jour de l'audience".
"Au regard de la gravité des faits commis" ainsi que de sa personnalité. "Plus d'un an après, il était toujours incapable de condamner des faits terroristes (...). Il se considère comme un combattant qui a combattu des soldats", a fait valoir la représentante du parquet.
Youssef T., 33 ans, est poursuivi pour tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.
Deux policiers à moto percutés
Le 27 avril 2020, en plein confinement dû au Covid-19 et en période de ramadan, Youssef Tihlah repère des policiers sur le chemin d'une boulangerie à Colombes dans les Hauts-de-Seine à l'ouest de Paris.
Il décide de passer une nouvelle fois dans la rue et fonce sur eux. Il braque à gauche et percute à pleine vitesse deux motards de la police nationale, sans casque, qui contrôlaient un véhicule.
Dans sa voiture, une lettre de revendication et d'allégeance au groupe jihadiste État islamique, écrite au dos d'une attestation de déplacement dérogatoire, et deux couteaux. L'un d'eux a été acheté quelques jours avant les faits, ce qui corrobore selon les enquêteurs la thèse d'un projet mûri.
Une version partagée par l'avocate générale, qui a insisté sur l'intention de Youssef T. d'agir "pendant le ramadan pour renforcer la dimension symbolique de son acte (...) et contre des policiers parce qu'ils sont des symboles de la République".
Un traumatisme physique et psychologique
Les deux motards avaient été hospitalisés avec plusieurs fractures et traumatismes, notamment aux jambes, et souffrent encore aujourd'hui de "séquelles physiques et psychiques", selon leur avocat Daniel Bernfeld.
Quatre policiers municipaux, également sur place s'étaient aussi vu prescrire une incapacité totale de travail supérieure pour certains à 90 jours, en raison du traumatisme psychologique subi.