Le procès de l'attentat de la rue Copernic en 1980 s'est ouvert lundi pour trois semaines devant la cour d'assises de Paris, en l'absence de l'unique accusé Hassan Diab.
Le procès de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic, qui a fait quatre morts et des dizaines de blessés le 3 octobre 1980, s'est ouvert lundi matin à Paris, 42 ans après les faits et en l'absence de l'unique accusé.
Pour les victimes de ce drame, l'ouverture du procès est un soulagement. "Le procès va avoir lieu maintenant et c'est bien. Il aurait dû avoir lieu il y a longtemps, mais cela va nous permettre de comprendre ce qui s'est passé et qui sont les responsables", témoigne Corinne Adler, une sage-femme de 56 ans.
"J'avais treize ans et je célébrais ma bat-mitsvah à la synagogue Copernic. L'office devait avoir lieu de 18h à 19h, a été interrompu à 18h35 par… par cette bombe.".
Après l'explosion, elle raconte qu'elle et sa famille ont décidé de sortir de la synagogue. "Dans la rue, c'était une vision de guerre, d'apocalypse avec des voitures en feu et des corps par terre."
Elle se souvient également de l'absence de cellules d'accompagnements des victimes comme il peut en y avoir aujourd'hui en cas d'attentat terroriste. "Dans les années 80, cela n'existait pas, on était sous le choc mais nous n'en parlions pas et la vie reprenait même si on avait des séquelles". Avant l'ouverture du procès ce matin, elle raconte que cet évènement est un "traumatisme" pour elle.
"La bat-mitzvah est un évènement important car il marque l'entrée dans la vie d'adulte et que l'on prépare durant deux ans Pour toutes les familles présentes et pour nous ce n'était pas un moment très joyeux alors que ça aurait dû l'être."
Hassan Diab, un Libano-Canadien de 69 ans qui a toujours clamé son innocence, ne s'est pas présenté à l'ouverture des débats, comme il l'avait déjà fait savoir à la cour lors d'un interrogatoire préalable. Cet universitaire était reparti libre au Canada en janvier 2018 après avoir bénéficié dans un premier temps d'un non-lieu dans ce dossier, l'un des plus longs de l'antiterrorisme français.
La cour d'assises spéciale de Paris a par conséquent ordonné que l'accusé, "absent sans excuse valable", soit jugé par défaut, comme s'y attendaient les parties civiles, rares sur les bancs de la salle d'audience lundi.
La cour aurait pu théoriquement décider de délivrer un nouveau mandat d'arrêt à son encontre, mais elle aurait dû de facto renvoyer l'audience.
Un avocat général dénonce la "lâcheté" de l'accusé
"Ce procès doit intervenir", a estimé l'un des avocats généraux, Benjamin Chambre, tout en s'élevant contre "la lâcheté" de l'accusé, son "manque de confiance" et sa "grande infamie faite" à la cour d'assises. Pour les parties civiles, après quatre décennies d'attente et de revirements judiciaires, "c'est la fin d'un très long calvaire", avait affirmé avant l'ouverture de l'audience l'avocat de certaines d'entre elles, Me Bernard Cahen.
Avec AFP