Boîtes aux lettres Papillons : "Il m'insulte et il me dit que je suis nul", ces mots d'enfants qui alertent

Alors que Paris se dote de la toute première boîte aux lettres Papillon, la ville de Clichy-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine en a déjà installé 11 avec l'aide de l'association les Papillons. Elles permettent aux écoliers d'alerter sur des maltraitances dont ils sont victimes en milieu scolaire ou familial.

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" Il m'embête en me disant des moqueries. Pouvez-vous m'aider s’il vous plaît." Ce mot a été déposé par un écolier de 10 ans la semaine dernière dans la boîte aux lettres d'un centre de loisirs à Clichy-la-Garenne. 

De couleur blanche, arborant des papillons verts, cette drôle de boîte est accrochée aux murs du vestibule du centre. "Les directeurs des centres et des écoles connaissent parfaitement leurs enfants et ils connaissent les locaux où les enfants peuvent venir en toute tranquillité. Donc un gamin qui a un problème. Il prend une feuille. Il écrit le petit mot et il le met dedans et ça reste confidentiel", explique Jérome Sayag, responsable du service prévention de la délinquance et référent local pour l'association les Papillons.

À Clichy-la-Garenne, depuis septembre 2023, un réseau de 11 boîtes aux lettres Papillons a été déployé dans l'ensemble des écoles élémentaires. Elles sont mises à la disposition des enfants. Lors de l'année scolaire 2023/24, 140 lettres ont été postées. Des mots d'enfants "tout simples, mais directs" qui témoignent de toutes sortes de souffrances subies dans le milieu scolaire et parfois dans le milieu familial.

"Il y a des enfants qui ont la parole facile et d'autres qui l'ont moins. On a mis en place ce dispositif avec la logique de libérer la parole des enfants (...) on essaie d'accompagner au maximum", explique Patrice Pinard, adjoint au maire, chargé de la prévention et de la sécurité publique.

Le référent Jérôme Sayag relève une deux fois par semaine le courrier et le transmet à l'association les Papillons dont le siège est à Perpignan. Un pôle composé de psychologues et de juristes analyse ces données et les renvoie assorties de préconisation au référent local. Comment agir ? Qui convoquer ? Quelles suites à donner ?

Dans le cas d'un enfant harcelé, la préconisation peut être de convoquer l'enfant harceleur pour lui demander de s'excuser auprès de la victime, de lui expliquer que le harcèlement est une conduite  illégale.

Il ne s'agit pas ici de rééduquer. Mais de recadrer l'enfant dans le cadre d'une vie en société. Une école, c'est la vie en société d'un petit gamin.

Patrice Pinard, adjoint au maire, chargé de la prévention et de la sécurité publique.

Dès l'installation de ses boîtes aux lettres, la municipalité de Clichy-la-Garenne a pris la décision de traiter tous les mots postés, quel que soit leur contenu. "L'enfant qui nous écrit, veut nous faire passer un message. L'analyse qu'on doit en faire est de savoir si c'est un enfantillage ou autre chose, et encore une fois, si c'est un enfantillage, ça ne se traite pas par-dessus la jambe, car ça peut aller très loin", avance Patrice Pinard.

"Je vais prendre l'exemple d'un petit garçon qui tire les cheveux d'une petite fille. Est-ce que ce n'est pas le début d'une atteinte à l'intégrité physique ? Je ne sais pas. En tout cas, est-ce qu'il ne faut pas recadrer le petit garçon pour lui dire attention, on ne tire pas les cheveux ?", explique l'élu. 

Un lettre postée par un enfant de 9 ans. © Association les Papilllons

Des mots d'enfants transmis à la justice

Sur les 140 mots relevés l'an dernier dans les boîtes aux lettres de Clichy-la-Garenne, deux ont permis de révéler des maltraitances graves commises dans le milieu familial. Un père d'un écolier a fait l'objet d'un signalement auprès de la justice.

"Un enfant de 8 ans a décrit avec des mots justes ce qui se passait. Il a même mis le numéro de téléphone de sa maman. Il expliquait que son père le violentait. On a reçu le gamin tout de suite et on s'est rendu compte que ce n'étaient pas des affabulations. Le lendemain matin à 6 heures, la police était en bas et elle cherchait le père. Il a été déféré. Il y a eu une suite judiciaire. Et l'enfant a été placé", relate Patrice Pinard.

Selon l'association, 10 % des 6 000 courriers reçus lors de la dernière année scolaire ont fait état d'une situation grave, mais non urgente, qualifiée d'information préoccupante. Ces données sont ensuite transmises à la CRIP, la Cellule de recueil, d'évaluation et de traitement des informations préoccupantes du département concerné. Après une enquête sociale, cette information préoccupante peut mener à des mesures de protection, notamment le placement de l'enfant.

Les cas les plus graves peuvent déboucher sur des enquêtes de police sous l'égide du procureur de la République. Ainsi, sur la même année scolaire, 3 % des courriers ont débouché sur des signalements transmis à la justice, suspectant par exemple des cas de violences sexuelles dans le cadre intra-familiale.

Une première dans la capitale

Ce jeudi, l'association les Papillons installe sa première boîte aux lettres dans Paris, à l'école élémentaire Blanche située dans le 9ᵉ arrondissement.

En Ile-de-France, une vingtaine de communes ont déjà adopté ce dispositif qui permet de prévenir et de lutter contre les violences faites aux mineurs. Au total, 172 boîtes aux lettres sont réparties dans la région et selon l'association, ce sont les enfants de Clichy, de Colombes ou encore de Limeil-Brevannes qui pour l’instant ont posté le plus de courriers.

"On n'est que des facteurs. On essaie aussi d'avoir du discernement. On saisit des services qui après font des enquêtes qu'elles soient sociales ou enquêtes de police pour lever les doutes ou alors, on prend attache avec les structures, les municipalités, pour savoir s'il y a déjà eu un suivi de la famille", souligne Lucien Boyet, fondateur de l'association les Papillons.

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