PORTRAIT. Mathieu Thomas : un survivant du cancer qui vise l'or aux Jeux Paralympiques de Paris 2024

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Le 28 août 2024, Mathieu Thomas, joueur de para-badminton débutera sa quête vers une médaille d'or. Un défi de plus pour ce survivant du cancer que le sport a aidé dans l'acceptation de son handicap décelé à l'adolescence. Parcours d'un battant.

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"Paris 2024, c'est l'objectif. La médaille surtout. Gagner devant le public français, ce serait le rêve." Depuis quelques années, Mathieu Thomas a une idée fixe en tête. Participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Une consécration pour ce joueur de para badminton professionnel de 39 ans qui n'a découvert ce sport qu'en 2015. Un point d'orgue à la carrière courte, mais bien remplie, d'un des meilleurs Français dans sa discipline, la finalité d'un parcours fait de résilience, d'adaptation et de victoires sportives et face au cancer. 

À 500 jours des Paralympiques, voici le récit d'une vie pas comme les autres. Le sport a toujours fait partie de la vie de Mathieu Thomas. Dès le plus jeune âge, il est plus athlétique et plus grand que ses camarades. "J'ai fait du basket très jeune, car j'avais les qualités physiques requises", raconte celui qui mesure déjà 1m92 lorsqu'il atteint l'adolescence.

"Apprendre à accepter mon handicap" 

Sa vie bascule lorsqu'à 17 ans, des médecins lui diagnostiquent une tumeur cancéreuse dans le bas-ventre. "J'ai dû me faire opérer et pour la retirer, il fallait qu'ils sectionnent un nerf qui alimente le quadriceps de la cuisse droite. J'ai donc perdu en motricité des membres inférieurs", se souvient-il. Une longue période de rééducation démarre pour réapprendre à marcher puis à courir. "À cause de mon handicap je ne peux m'appuyer sur ma jambe droite seulement lorsqu'elle est raide. Cela ne m'a pas découragé. Au contraire j'ai pris la bataille contre le cancer comme un défi envoyé par la vie. Une épreuve à surmonter."

Un défi physique donc, mais aussi une réadaptation mentale. "J'avais du mal à accepter que le regard des autres change, car j'étais en situation de handicap. Je pensais que parce que j'étais handicapé, les autres me voyaient comme quelqu'un de faible, et j'ai mis du temps à accepter ma nouvelle condition."

De la fin de son adolescence à ses 30 ans, le handicap reste pour lui un sujet difficile à aborder. "J'essayais de le cacher. J'avais prévenu l'équipe qui gérait ma rééducation que je ne voulais pas que mon handicap se voit". En plus de la rééducation, il poursuit le sport régulièrement "pour m'entretenir", explique-t-il. Dans le même temps, le jeune homme entreprend des études d'ingénieur en électronique. "Je me consacre à cela car à l'époque je pensais qu'une carrière de sportif de haut niveau m'était impossible du fait de mon handicap".

"J'ai trouvé ma singularité" 

À l'approche de la trentaine, il s'intéresse pour la première fois aux Jeux paralympiques. "C'est le résultat d'une quête de sens et de défi. J'ai voulu trouver ma singularité. J'avais une bonne situation, un boulot d'ingénieur et une vie de couple épanouie, mais il me fallait quelque chose en plus", argumente-t-il. À 28 ans, il découvre le badminton. "Ce sport m'a plu tout de suite, j'en suis tombé amoureux. J'ai donc commencé la compétition. D'abord en tant que valide, avant d'apprendre que le parabadminton était en plein développement."

Il se renseigne alors sur les systèmes de classification et s'inscrit aux championnats de France en 2015. Il remporte le titre de champion de France en simple. "Après ça, je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire dans ce sport", ironise-t-il. L'ancien basketteur enchaîne les compétitions et les titres. Il devient par exemple champion d'Europe en double en 2016 et conserve également le trophée de champion de France cette même année.

"Je décide de devenir professionnel" 

Cette année 2016 marque un tournant dans sa carrière et dans sa vie. "J'ai appris que mon sport allait entrer aux Jeux Paralympiques quatre ans plus tard. Je suis donc passé à un entraînement quotidien et j'ai lâché mon métier pour devenir sportif professionnel", raconte celui qui s'entraîne au Badminton Club d'Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine.

Son objectif est clair : représenter la France aux Jeux de Tokyo dans la catégorie SL3. Cette classification paralympique regroupe les joueurs pratiquant debout ayant un handicap sur une ou les deux jambes. "Les règles sont un peu différentes que celles du badminton pour les valides. Par exemple, en simple, nous ne jouons que sur un demi-terrain." précise Mathieu Thomas. Malgré ses bons résultats, il manque de peu la qualification pour les Paralympiques 2020 car il ne fait pas partie du top 6 mondial à l'époque.

"J'ai dû me reconditionner mentalement" 

Suite à cette déception, il enclenche un travail de préparation mentale intensive. "Je ne voulais pas revivre un tel déchirement et je savais que Paris 2024 se profilait. Je voulais être prêt."

Prêt mentalement mais également physiquement, car il sait que le niveau est de plus en plus élevé dans sa discipline. "Il y a encore quelques années, certains joueurs du top 10 ne s'entraînaient pas tous les jours. Aujourd'hui, tous les athlètes qui visent les Jeux sont professionnels", note celui qui est actuellement le 6ème meilleur joueur mondial dans sa catégorie. Pour accéder au Jeux cette fois-ci, il devra se maintenir dans le top 8.

Ce parcours de vie, il le partage avec des collégiens et des lycéens à travers des conférences qu'il donne dans des établissements scolaires. Une façon pour ce champion de "partager mes valeurs et montrer que l'on peut faire de son handicap un atout. Tenter de les convaincre que ce n'est pas un frein. Même pour des personnes qui veulent réaliser des défis qui paraissent fous".

Pour lui, le prochain défi de taille démarre dans 500 jours avec la médaille d'or paralympique en ligne de mire.       

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