Un étudiant sur deux avoue avoir déjà sauté un repas faute de moyens. C'est ce que révèle une étude de l'association COP1. Une précarité étudiante exacerbée en Île-de-France selon Barth Piron, représentant de l'UNEF à Paris-Nanterre.
Inflation, hausse des prix, crise économique. Dans une étude publiée ce mardi, l'IFOP et l'association COP1 dressent un bilan annuel de la précarité étudiante en France. Selon les résultats de l'étude, 46% des étudiants affirment avoir déjà sauté un repas faute de moyens. Ce constat ne surprend pas Barth Piron, membre du bureau national de l'UNEF à l'université Paris-Nanterre.
"De plus en plus d'étudiants nous avouent avoir du mal à s'alimenter correctement. Beaucoup recourent à des petits boulots pour subvenir à leurs besoins", explique l'étudiant en histoire sociale. Autre constat parmi les résultats de l'étude : trois quarts des étudiants interrogés disent avoir dû modifier leurs habitudes de consommation du fait de l'inflation.
Un phénomène particulièrement visible en Île-de-France
Si toutes les régions sont touchées par la précarité étudiante, ce phénomène est exacerbé à Paris et en Île-de-France. "L'Île-de-France est la région la plus chère pour les étudiants en France. En plus de payer leur nourriture, les étudiants doivent gérer leur loyer qui est souvent plus élevé que dans les autres régions. Ensuite, il faut prendre en compte le prix des transports en commun qui là aussi, sont de plus en plus chers", estime Barth Piron.
À la rentrée 2023, l'UNEF a publié son classement annuel du coût de la vie dans les villes étudiantes. Les 7 villes les plus chères sont toutes franciliennes. Paris occupe la première place de ce classement. Le coût de la vie y est de 1 557 par mois. Des dépenses de plus en plus importantes qui constituent parfois un facteur d'échec selon Barth Piron. "Lorsque vous devez penser sans cesse à vos dépenses, il est difficile, voire impossible, de rester concentré sur vos études", confie-t-il.
D'autres postes de dépenses sacrifiés
L'étude insiste également sur le fait que l'achat de denrées alimentaires n'est pas le seul poste de dépenses que les étudiants doivent sacrifier. "En 2023, près d’un quart des étudiantes indique qu’il leur arrive de ne pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques par manque d’argent", rapporte la synthèse. À ce titre, de nombreuses universités franciliennes proposent des distributeurs de protections hygiéniques."C'est le cas à Nanterre depuis quelques années déjà", précise par exemple Barth Piron.
Enfin, l'étude rapporte que près d’un étudiant sur deux indique se sentir toujours ou souvent seul. Un constat qui n'est pas spécifique à l'Île-de-France, même si Barth Piron estime que le contexte précaire des étudiants franciliens exacerbe cette solitude. "Beaucoup d'entre eux n'ont pas beaucoup de temps libre et quand ils en ont, ils doivent souvent travailler pour payer leurs études, et n'ont pas forcément le loisir de tisser des liens avec leurs camarades de promotion", conclut-il.