Le procès de Monique Olivier s'est ouvert ce jour devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine. Jugée pour complicité dans l’enlèvement et la séquestration de la petite Estelle Mouzin en 2003, l’enlèvement, le meurtre et le viol de Marie-Angèle Domèce et de Joanna Parrish, Monique Olivier a dit "regretter". Affirmant avoir agi par peur de son ex-conjoint Michel Fourniret.
10h15, cour d’assises des Hauts-de-Seine, Nanterre. "Consentez-vous à répondre aux questions de la cour ?", demande le président, Didier Safar. "Je vais faire de mon mieux", chuchote Monique Olivier.
Dans son box vitré, l’ex-femme du tueur en série Michel Fourniret semble lasse, fatiguée. Pas un regard pour la salle, comble. Pas un regard pour les parties civiles, assises en rang serré sur les bancs face à elle. La vieille femme vient pourtant de consentir à ce que les journalistes la filment et la photographient pendant de longues minutes, comme en 2008 lors de son procès à Charleville-Mézières (Ardennes) à l'issue duquel elle a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité avec 28 ans de sûreté.
Accusée de complicité dans l’enlèvement et la séquestration de la petite Estelle Mouzin en 2003, l’enlèvement, le meurtre et le viol de Marie-Angèle Domèce et de Joanna Parrish en 1988 et 1990, Monique Olivier affirme regretter : "Je regrette. Je regrette tout ce qui s’est passé. Écoutez tout ça, ça me…" Elle ne finit pas sa phrase, l'air affligé. "On y reviendra plus tard", tranche le président.
En ce premier jour d'audience, c'est d'abord au parcours de l'accusée que la cour entend s'intéresser. D'une voix peu assurée, s'agrippant parfois au rebord de son box les mains tremblantes, Monique Olivier décrit son enfance "solitaire" et "sans tendresse", son adolescence sans histoires. Elle a 20 ans lorsqu'elle rencontre son premier mari, gérant d'une auto-école. Ils ont deux fils ensemble puis elle le quitte. "Un soir, j’avais couché les enfants, il est venu me voir dans la chambre et m’a empêché de bouger. Il m’a gifflée, tenté de m'étrangler. Il m’a amenée dans la salle de bains et m’a mis la tête dans la baignoire remplie d’eau. C’est ça qui m’a poussé à partir. Il n'y a eu que ça mais c’était suffisant." En 1986, deuxième union avec un Américain dont elle divorce en 1987, l'année de sa rencontre avec Michel Fourniret. Lui, elle ne le quittera pas.
"En dehors de la chose, il était gai, il aimait bien plaisanter "
Lorsqu'ils commencent à échanger des courriers, plus de 200 en six mois, Michel Fourniret est incarcéré pour une série de viols et n'en fait pas mystère. A sa sortie de prison, le couple décide de s'installer ensemble. Un enfant naît un an plus tard. "Pouvez-vous nous parler des 16 ans que vous avez passés avec Michel Fourniret ? Pourquoi ne l'avez-vous pas quitté ?", demande le président. Monique Olivier bredouille, comme gênée. "J’étais incapable de me débrouiller toute seule (...) Au début, on s’entendait bien tous les deux. Il aimait bien se moquer de tout le monde. En dehors de la chose, il était gai, il aimait bien plaisanter."
La chose ? Doux euphémisme pour parler des crimes commis par son ex-mari, obsédé par la recherche de jeunes vierges. Une obsession "ridicule" analyse aujourd'hui l'accusée en secouant la tête. "Mais vous y avez adhéré à cette recherche de virginité", la coupe le président. "Ben oui, c'est malheureusement exact. Je regrette tout ça", admet Monique Olivier.
Pendant 16 ans, le couple qui a scellé un pacte criminel, va agir main dans la main : les enlèvements, les viols, les assassinats... "Je sais que j'aurais dû intervenir, avoir le courage de l'empêcher de faire toutes ces choses. Je regrette. Mais j'avais peur de lui", explique à postériori Monique Olivier qui reconnaît toutefois ne jamais avoir été menacée ou violentée par son ex-mari. Cette spirale ne prendra fin qu'en juin 2003 lorsque Michel Fourniret est arrêté en Belgique après avoir tenté d'enlever une adolescente. Au bout de 121 interrogatoires, Monique Olivier craque et dénonce son compagnon. "Pourquoi ?" l'interroge la cour.
Quand je repensais à toutes ces horreurs... Il fallait que ça s’arrête, j’en avais assez. Il pouvait ressortir de prison. Il fallait aussi que je sois en prison car je ne suis pas innocente. Je savais ce que je risquais mais c'est mérité.
Monique Olivier, accusée
Ces premiers aveux sont selon ces mots une "libération". Monique Olivier mettra pourtant encore cinq ans pour avouer les assassinats de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish. Dix-sept ans en ce qui concerne la disparition d'Estelle Mouzin. Des crimes pour lesquels elle devra s'expliquer seule, Michel Fourniret étant décédé en 2020. "Ça fait peur d'être devant tout ce monde qui me regarde", avoue celle qui, une fois encore, a promis à son avocat de participer. Le procès doit durer trois semaines.