"Traître" pour N. Morano, "opportuniste" selon L. Wauquiez, c'est une "planche pourrie" qui "vendrait sa famille" aux dires d'un autre responsable Républicain. Thierry Solère ex-Républicain, ex-Constructif qui vient de rejoindre La République en marche n'échappe pas à un procès en opportunisme.
C'est déjà en dissident que Thierry Solère avait fait ses armes électorales, en 2012, lorsqu'il avait défié, et triomphé de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur sortant, lors des législatives à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Exclu de l'UMP pour l'affront, mais réintégré quelques jours après sa victoire, ce juriste de formation avait gagné en influence dans le premier parti de l'opposition d'alors, en cultivant une image urbaine et modérée, jusqu'à devenir président du groupe LR au Conseil régional d'Île-de-France après la victoire de Valérie Pécresse.
Organisateur de la primaire en 2014
Soutien de Bruno Le Maire lors de la campagne pour la présidence du parti en 2014, sa rondeur et sa bonhommie lui avait permis d'obtenir du vainqueur Nicolas Sarkozy qu'il lui confie le comité d'organisation de la primaire, qui s'est soldée par la victoire de François Fillon. "Je le revois se rouler par terre pour obtenir le porte-parolat de ma campagne", se souvenait l'ancien candidat à l'Élysée, en août dernier, regrettant d'avoir cédé.
"Prêt à tout"
Car après la mise en examen du Sarthois sur fonds d'emplois fictifs familiaux présumés, Thierry Solère est l'un des premiers à quitter la campagne avec fracas, et de s'en expliquer au journal de 20 heures: "François Fillon n'est pas en capacité de porter les couleurs de la droite à l'élection présidentielle". Mais, à défaut de la prise de l'Élysée par les Républicains, c'est celle de Matignon et de plusieurs ministères par sa bande de copains qui rapproche Thierry Solère du nouveau pouvoir. Car depuis plusieurs années, avec Édouard Philippe ou Gérald Darmanin (Action et comptes publics), Thierry Solère partageait tous les mardis soirs la table d'un restaurant espagnol de la rive gauche parisienne, aux côtés de Gilles Boyer, Benoist Apparu ou Franck Riester. C'est aux côtés de ce dernier qu'il prend les devants de la recomposition politique après les législatives de juin, lorsque les deux toujours Républicains créent un groupe à l'Assemblée, Les Constructifs, certes "dans l'opposition", et en même temps bienveillant à l'endroit d'Emmanuel Macron.
Il obtient un des trois postes de questeurs de l'Assemblée, poste généralement réservés à l'opposition et s'attire les foudres des Républicains auquel le poste semblait promis. Chez Les Constructifs, depuis six mois, le député des Hauts-de-Seine était perçu comme un électron libre, à la fois apprécié pour ses bons mots assassins mais suscitant la méfiance, notamment eu égard à ses grandes ambitions. "Il est prêt à tout" et "à des méthodes contestables", déplore une source chez Les Constructifs. Chez LREM, on salue poliment son arrivée: "Il est une personnalité qui compte", relève la députée Aurore Bergé. Une entrée au gouvernement ne semble toutefois pas à l'ordre du jour : Thierry Solère est toujours visé par une enquête préliminaire du parquet de Nanterre suite à une plainte de Bercy pour une suspicion de fraude fiscale.
Thierry Solère refusait de rendre son poste de questeur
Depuis deux jours, son cas créait une polémique. Le député des Hauts-de-Seine, passé chez LREM, était critiqué car il refusait de rendre son poste de questeur, ce qui privait l’opposition de cette fonction. Ce mardi matin, le député des Hauts-de-Seine a cédé et annonce qu’il va quitter ses fonctions de questeur « dès la fin de cette année ».
"J'entends monter une impatience à ce que la pluralité de la vie démocratique de l'Assemblée nationale puisse s'exprimer rapidement (...). Donc je vous annonce que j'en tire en parfaite cohérence les conclusions et je vais quitter mes fonctions de questeur dès la fin de cette année, pour permettre dès le début de l'année 2018, sans attendre le mois d'octobre, que l'opposition puisse être représentée au sein de la questure", a déclaré M. Solère sur CNews. "Moi mon engagement c'est pour des idées, ce n'est pas pour des fonctions". "Je ne fais pas de la politique pour tout ça", a dit le député des Hauts-de-Seine.