Île-de-France : l'abstention pénalise le Front national

Le phénomène n'est pas nouveau, mais il est très lisible dans ce scrutin : les électeurs du Front National, très mobilisés lors d'une élection présidentielle, sont plus nombreux à s'abstenir dans les autres consultations. Une attitude qui handicape particulièrement cette année le FN.

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"Incontestablement, c'est une déception. Le tassement entre le score à la présidentielle et celui des législatives est plus fort que d'habitude",  confirme ce lundi 12 juin Nicolas Bay le secrétaire général du Front National.

Au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen avait recueilli 21,3% sur l'ensemble du corps électoral. Ce dimanche 11 juin, les candidats du Front National n'ont rassemblé que 13,2%. Soit un différentiel de 8 points !

Depuis dimanche soir 11 juin, les représentants du Front National répètent l'argument en boucle comme un "élément de langage", donnant à la longue, le sentiment de tenter d'y avoir trouvé une sorte de ligne de fuite commode. Pourtant, ils ont parfaitement raison, et les observateurs politiques connaissent ce phénomène qui n'est pas nouveau.

En Île-de-France aussi

Et il suffit de reprendre les chiffres pour comprendre. Le phénomène est lisible y compris en Ile-de-France où pourtant le Front National ne fait jamais ses plus gros scores.
Ainsi, dans le Val d'Oise, ou la progression du Front National est forte ces dernières années, Marine Le Pen obtenait 17,19% au soir du premier tour de la présidentielle. Dimanche, à l'issue du premier tour des législatives, aucun candidat du FN ne passe ce premier tour, aucun ne retrouve ce score de 17 points. Tous les candidats plafonnent autour de 10 à 11 points à l'exception de la 1ère et la 9ème circonscription ou les candidats atteignent les 15 points.

En Seine-et-Marne, où l'enracinement du FN est déja ancienne et profonde, la démonstration est encore plus nette. Le premier tour de la présidentielle montrait une Marine Le Pen à 22,86%, c'est à dire au dessus de son score national. Dimanche soir, seuls trois de ses candidats sont présents pour le second tour : Aymeric Durox, avec 20,42% dans la 3ème face à Yves Jego ; Joffrey Bollée, avec 20,59% dans la 5ème face à Franck Riester; et Béatrice Troussard, avec 17,69%, dans la 7ème face à Rodrigue Kokouendo. Tous les trois sont en seconde position. Aucun d'entre eux n'est véritablement en mesure de menacer son adversaire.

Partout, la simple comparaison des scores entre le premier tour de la présidentielle et celui des législatives montre que beaucoup d'électeurs Front National ne se déplacent pas pour les législatives. 

Une mécanique implacable

Bien sûr, l'élection présidentielle, élection majeure en France, élection à la mécanique "majoritaire" est le rendez-vous privilégié par les électeurs FN et leur préféré, celui qu'ils perçoivent comme prioritaire.

Mais dans le scrutin de cette année, les abstentionnistes frontistes se sont pénalisés davantage encore. Car la loi électorale prévoit que pour pouvoir se maintenir au second tour, un candidat arrivé en troisième position doit avoir réuni un nombre d'électeurs au moins égal à 12,5% des inscrits. Un chiffre extrêmement difficile à atteindre si l'abstention est forte comme c'est le cas dans ces législatives. C'est ce qui explique l'absence, cette fois, des "triangulaires" auquelles on assiste d'habitude lors de législatives. Des "triangulaires" dans lesquelles le FN trouve parfois une opportunité d'envoyer un député "minoritaire" à l'Assemblée Nationale.

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