Le directeur de Sciences Po Paris, âgé de 53 ans, a été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel de Manhattan.
A Sciences-Po, l'émotion à la mort de R. Descoings
A l'annonce du décès de Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, les élèves se sont regroupés autour de l'établissment, Rue Saint-Guillaume. L'émotion est vive.
En seize années à la tête de l'établissement de la Rue Saint-Guillaume, il a su rénover cette institution : accueil de lycéens issus de zones d'éducation prioritaire, suppression de l'épreuve de culture générale au concours d'entrée ...
Les circonstances de son décès sont encore inconnues : une enquête a été ouverte.
Descoings et le renouveau de Sciences-Po Paris.
M. Descoings a "en 16 années de direction, accompli une oeuvre extraordinaire qui a profondément transformé Sciences Po. La ferveur des étudiants pour leur directeur était exceptionnelle et marquera très durablement l'institution", ont précisé deux figures historiques de Sciences Po, Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau dans un communiqué.
En quatre mandats, M. Descoings a fait passer cette école qui forme une partie des élites françaises de 4.500 à 10.000 étudiants et multiplié les réformes: ouverture à des élèves de familles pauvres, aux étudiants étrangers (40% du total actuel), création de six campus en province, hausse des droits d'inscription tempérée par des bourses, etc.
Encore récemment, il faisait voter une réforme d'ampleur du concours d'entrée, avec notamment la suppression de l'emblématique épreuve de culture générale.
M. Descoings n'avait pas peur de créer la polémique, comme quand il a ouvert en 2001 l'IEP aux lycéens de "Zep", et il aimait les défis, comme celui relevé en 2009 à la demande de Nicolas Sarkozy en relançant la réforme des lycées.
Mais il avait aussi dû se justifier, après une polémique sur son salaire (24.000 euros nets par mois) et sa prime variable.
Dans un entretien à Libération le 31 janvier, il avait appelé notamment à ce que les présidents d'universités françaises soient mieux payés.
A Sciences Po Paris, l'annonce de la mort du directeur a provoqué une vive émotion.
Reportage Carla Carrasqueira et Pierre-Julien Quiers.
Réactions politiques
Le président Nicolas Sarkozy a rendu hommage à "un grand serviteur de l'Etat" et le chef de la diplomatie Alain Juppé a fait part de sa "très vive émotion" en saluant "un infatigable acteur du rayonnement universitaire de notre pays dans le monde".
Pour Luc Chatel, Ministre de l'Education Nationale : "Avec cette disparition, la France perd un grand serviteur de l'Etat et un esprit visionnaire qui, par son audace, son énergie et sa capacité à briser les tabous,a révolutionné notre enseignement supérieur et notre conception de l'éducation".
La première secrétaire du PS Martine Aubry a salué en Richard Descoings,"un grand serviteur de l'Etat". "Il a été, surtout, celui qui a voulu, y compris dans une grande école, restaurer la promesse républicaine", a-t-elle souligné. "C'était un homme extrêmement aimé (...). Et je pense aussi aux étudiants de Sciences Po qui sont sous le choc parce que c'était un grand directeur".
Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, dans un communiqué a rendu hommage a "un homme d'une intelligence, d'une énergie et d'une créativité exceptionnelles. Il avait mis ces qualités au service de Sciences Po Paris (...) qu'il avait su profondément transformer, pour en faire une institution de rang international. Il avait aussi mené une action volontariste pour une plus grande ouverture du recrutement (...)contribuant ainsi à la démocratisation de l'enseignement supérieur". "Je tiens à rendre hommage avec admiration et émotion à cette grande figure du monde éducatif parisien, national et international".
Laurent Wauquiez, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, était ce midi invité dans notre journal.
Voir son interview ci-dessus.
Les circonstances de sa mort restent floues.
Richard Descoings a été retrouvé mort, nu "sur son lit" vers 13H00 locales, par un membre du personnel de l'hôtel Michelangelo, dans le centre de Manhattan.
La chambre était "en désordre", mais le corps de M. Descoings ne portait pas de "signe évident de traumatisme", a précisé à l'AFP Paul Browne, chef adjoint de la police de New York.
Plus tard dans la soirée, il a expliqué que les enquêteurs n'avaient pas de "preuve d'acte criminel", et que le désordre de la chambre avait été causé par le personnel médical qui avait cherché à ranimer M. Descoings.
Il a également semblé écarter l'hypothèse d'un cambriolage, affirmant que certains objets initialement manquants avaient été retrouvés.
La police a précisé qu'elle attendait de connaître les conclusions du médecin légiste, pour se prononcer sur les raisons de la mort de M. Descoings, qui se trouvait à New York pour participer à une conférence à l'université Columbia.
Richard Descoings devait représenter l'Europe dans une réunion de grands leaders d'universités, sous l'égide du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui s'est dit dans la soirée "profondément attristé" par cette mort.