L'Union syndicale des magistrats s'est exprimé après la manifestation de policiers hier soir.
Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Christophe Régnard, a regretté jeudi la nouvelle polémique police/justice déclenchée par la mise en examen d'un policier pour homicide volontaire mercredi en Seine-Saint-Denis.
"Je ne comprends pas cette polémique, ou plutôt je ne la comprends que trop. C'est un grand classique", a regretté M. Régnard, interrogé par l'AFP.
Il a défendu la décision du juge d'instruction d'avoir mis en examen le policier pour homicide volontaire. "Dans une instruction judiciaire, on prend une qualification pénale qui paraît la plus proche de ce qui doit être retenu", a-t-il dit, en soulignant que la victime a été "tuée d'une balle dans le dos" selon les conclusions de l'autopsie et un témoignage.
Le fonctionnaire de 33 ans avait invoqué la légitime défense.
Le policier a été "placé sous contrôle judiciaire, pas incarcéré", a poursuivi M. Régnard. Il a justifié l'interdiction qui lui a été faite de travailler par le fait que "des témoins de la scène sont ses collègues du commissariat".
"J'espère que la polémique va s'arrêter là", a-t-il dit. "La dernière fois qu'on a eu ça à Bobigny, on avait eu des commentaires du ministre de l'Intérieur et du président de la République".
Un précédent en Seine-Saint-Denis
En décembre 2010, plusieurs dizaines de policiers avaient manifesté devant le tribunal de Bobigny après la condamnation à de la prison ferme de sept de leurs collègues, qui avaient menti dans leur procès-verbal après une course poursuite au cours de laquelle ils avaient percuté une voiture. Le ministre de l'Intérieur d'alors, Brice Hortefeux, avait qualifié de "disproportionné" le jugement, soulevant un tollé.
Dans le contexte électoral de l'entre-deux-tours, "j'espère que personne cette fois ne va utiliser cette affaire pour mettre en cause le travail des juges et opposer une nouvelle fois police et justice", a ajouté M. Régnard.
Plusieurs centaines de policiers ont manifesté mercredi soir à Bobigny et sur les Champs-Elysées à Paris contre la mise en examen pour homicide volontaire de leur collègue qui a tué un multirécidiviste en fuite en Seine-Saint-Denis.
L'UMP, par la voix de son secrétaire national, Bruno Beschizza, s'en est pris à "certains juges" accusés de "n'appliquer que la présomption de culpabilité" en oubliant "la présomption d'innocence" face à "certains policiers".