Sept douaniers soupçonnés d'avoir pris de l'argent dans les valises de trafiquants sont mis en examen
Sept douaniers, ont été présentés à un juge de Bobigny, ce samedi, dans l'affaire de vol et de corruption en bande organisée, à l'aéroport de Roissy.
Ils ont été mis en examen pour vol en bande organisée, blanchiment et association de malfaiteurs, a annoncé samedi le parquet de Bobigny. Deux ont été placés en détention conformément à la demande du parquet, qui a également requis le placement sous écrou des cinq autres dont le sort restait à trancher, a ajouté lors d'un point de presse Sylvie Moisson, procureur de la République à Bobigny.
Les sept fonctionnaires ont été interpellés depuis mardi dans une enquête pour "vol, recel et corruption", menée par l'Office central de la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), selon des sources policières. Ils sont soupçonnés d’avoir pris de l’argent liquide par millions dans les valises de trafiquants de drogue présumés.
Dans cette affaire les policiers ont travaillé dans la plus grande discrétion qualifiée par les sources policières d'«inédite» et de «très grande ampleur» s’agissant de fonctionnaires.
Il «est rare» que des faits de telle nature puissent être reprochés à des douaniers français, dont «l’exemplarité est relevée» partout ailleurs, selon ces sources.
La direction des douanes a précisé vendredi soir que 27 révocations avaient été prononcées depuis 2004, un chiffre à comparer avec celui des 17 500 douaniers français, dont 1 300 à Roissy. La direction des douanes «a une politique très rigoureuse et les atteintes au devoir de probité d’un douanier sont systématiquement suivies d’une révocation».
Les investigations ont débuté il y a quelques semaines par des filatures et une enquête sur un trafic international de stupéfiants. A cette occasion, des douaniers chargés de surveiller et contrôler les bagages dans la zone réservée ont été «repérés», selon ces sources.
Ces douaniers présumés «ripoux» ont été vus alors qu’ils se servaient «en argent liquide» dans les valises de personnes soupçonnées de se livrer au trafic de stupéfiants, faisant transiter l’argent de la drogue par avion.
«Véritable réseau»
Les enquêteurs ont ensuite mis au jour un «véritable réseau». D’autres fonctionnaires pourraient être inquiétés, selon les mêmes sources.
Le train de vie des suspects, qui a commencé à être épluché, «est démesuré», les montants des détournements pouvant atteindre «des millions d’euros», ont dit les sources policières.
Placements d’argent à l'étranger et achats de biens luxueux ont d’ores et déjà été établis par les enquêteurs, ont précisé ces sources.
Plus grave, l’enquête devait aussi s’attacher à «étudier les liens de certains des suspects avec de présumés trafiquants» de drogue internationaux, ont souligné les sources policières, incitant cependant à la prudence à ce sujet. «Pour l’heure, il s’agit de corruption», mais «il peut y avoir des surprises», voire d’autres arrestations, ont-elles dit.
Selon une source syndicale, «leur point commun c’est d'être expérimentés et d'être sur les sites de Roissy depuis un certain nombre d’années». «Ce ne sont pas des hauts gradés, ils appartiennent à plusieurs unités, ils ne sont pas spécialisés au sens strict du terme», a-t-on ajouté.
Dans un communiqué, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, et le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac, ont prévenu que si les faits étaient établis par l’enquête judiciaire, des «sanctions exemplaires seront bien évidemment prises à leur encontre».
Commentant une affaire «hors norme», le directeur général des douanes Jérôme Fournel explique au figaro.fr avoir demandé «une enquête administrative la plus fouillée possible après d'éventuelles mises en examen». «En douanes, les manquements aux devoirs de probité entraînent de manière mécanique des sanctions lourdes allant jusqu'à la révocation», met-il en garde.