Dans un courrier envoyé à environ 90 machinistes à la retraite, la régie cherche du renfort. La mesure, critiquée par les syndicats, reflète le manque d’attractivité du métier selon la RATP.
"La RATP a besoin de vos compétences". La lettre, envoyée fin février par la régie, invite des conducteurs de bus retraités à "porter renfort" à leurs anciens collègues, en mettant en avant l’opportunité d’obtenir "un complément de revenus". "Nous vous proposons de reprendre du service pour une durée déterminée à votre convenance", peut-on lire dans le message.
Le courrier, qui reflète un manque de personnel, suscite des critiques du côté des syndicats. "On n'approuve absolument pas cette mesure, réagit Cemil Kaygisiz, secrétaire général CGT RATP Bus et lui-même conducteur. Il y a énormément de jeunes qui recherchent un emploi. Là, des retraités sont rappelés sous prétexte qu’il y a des difficultés de recrutement."
"La RATP mise sur des contrats précaires avec uniquement de l’embauche par CDD alors que l’offre de transports augmente régulièrement, même s' il y a eu une période de crise, poursuit-il. L’objectif est de précariser et le métier n’est plus attractif. Il y a non seulement la question des salaires mais aussi celle de la pénibilité et des conditions de travail. Au quotidien c’est extrêmement compliqué pour un machiniste et il n’y a pas de compensation."
Un "nivellement par le bas des conditions de travail" selon la CGT
"Il y a un nivellement par le bas des conditions de travail. Ça fait un moment que la RATP n’anticipe plus le recrutement du personnel qui part. A cela s’ajoutent des démissions, comme le métier se dégrade", ajoute Cemil Kaygisiz, dont le dépôt de bus est situé dans le XVe arrondissement.
Cette démarche ponctuelle et cantonnée à quelques centres bus vise à maintenir une continuité de service dans un contexte d’absentéisme élevé
La RATP
Contactée, la RATP indique avoir adressé un courrier à 94 personnes afin de leur proposer de reprendre du service, des "machinistes fraîchement retraités" et de "contrats à durée déterminée ne dépassant pas les 12 mois". La régie met en avant le contexte sanitaire : "Cette démarche ponctuelle et cantonnée à quelques centres bus vise à maintenir une continuité de service dans un contexte d’absentéisme élevé en faisant appel à des conducteurs expérimentés, disponibles et rapidement opérationnels."
Des explications qui ne convainquent pas la CGT. "La direction a déjà eu recours à ce genre de mesure dans ses filiales mais jamais au sein de l'Epic" (Etablissement public à caractère industriel et commercial), indique Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT-RATP. "Ce n'est pas illégal mais c'est un aveu de manque d'attractivité dans l'entreprise", ajoute-t-il, précisant qu'en 2017 seulement 78 personnels roulants avaient démissionné alors qu'ils étaient 174 en 2020.
L'ensemble des syndicats de la régie appellent d’ailleurs à une grève le vendredi 25 mars, pour demander une hausse substantielle des salaires. On compte près de 16 000 conducteurs de bus sur le réseau de la RATP, selon la CGT.