Mamoudou Gassama a été reçu à la préfecture de Saine-Saint-Denis pour entamer ses démarches de naturalisation. Si le geste est salué par tous, des associations dénoncent "une récupération politique". Certaines appellent "à revoir la politique européenne sur la migration" notamment en France.
Mamoudou Gassama s'est rendu ce mardi matin à la Préfecture de Seine-Saint-Denis afin d'entamer ses démarches de régularisation. Il a officiellement obtenu son titre de séjour. Une première étape avant sa naturalisation. Le processus devrait prendre environ trois mois.
Une décision officialisée lundi 28 mai lorsque Mamoudou Gassama, ce jeune malien sans papiers, a été reçu par Emmanuel Macron. Une façon de saluer son acte héroïque. Le jeune homme n'a pas hésité à s'élancer au secours d'un garçonnet de 4 ans suspendu à un balcon. Il a réussi à le sauver.
Une "récupération politique"
Si tous saluent le geste courageux de Mamoudou Gassama et se félicitent que son avenir s'éclaircisse, les associations qui accompagnent les migrants dénoncent dans cette naturalisation expresse une forme d'opportunisme politique."On a un sentiment général de récupération politique éhontée" et "d'utilisation d'un fait divers pour faire de la communication et de l'affichage", a affirmé à l'AFP Jean-Claude Mas, le secrétaire général de la Cimade.
Claire Rodier du Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés), y voit "une part d'hypocrisie ou de cynisme."
Des voix qui s'élèvent alors que mercredi le projet de loi sur l'asile et l'immigration doit être examiné par la Commission des lois du Sénat. Un texte déjà très contestée puisqu'il prévoit le durcissement de l'accès à la procédure d'asile et l'allongement de la rétention.
Le président du Mali exprime sa fierté, les associations appellent à revoir la politique migratoire
L'exploit de Mamoudou Gassam est arrivée jusqu'à son pays d'origine, le Mali. Le président, Ibrahim Boubacar Keïta, a félicité le jeune homme.
Le Président #IBK salue en Mamoudou Gassama "un digne et courageux fils du #Mali. Sauver une vie au péril de la sienne n’est pas à la portée de tous. Mamoudou Gassama a pris ce risque, démontrant des valeurs de courage et d’humanisme qui honorent toute la nation. Bravo !"
— Presidence Mali (@PresidenceMali) 28 mai 2018
De son côté Ousmane Diarra, président de l'Association malienne des expulsés (AME) regrette qu'il ait fallu un acte aussi exceptionnel pour obtenir une régularisation. Il rappelle que pour la majorité des Africains arrivés en France, l'attente d'une régularisation est infinie, 10 à 15 ans en moyenne.
"Il ne faut pas attendre de sauver un Français pour être naturalisé français", a estimé M. Diarra. Il a appelé à "revoir et changer la politique européenne sur la migration, et la politique française en particulier".