Dans une tribune publiée ce dimanche dans le JDD, 41 médecins réanimateurs et urgentistes jouent la transparence et avertissent du danger qui menace les établissements de santé dans les prochains jours.
Objectif : transparence. 41 médecins réanimateurs et urgentistes de l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) ont signé ce dimanche une tribune dans le Journal du Dimanche (JDD) afin d’alerter sur la réalité dans les établissements de santé franciliens face à la dégradation de la situation sanitaire. "Dans les quinze prochains jours, les contaminations ayant déjà eu lieu, nous avons une quasi-certitude sur le nombre de lits de soins critiques qui seront nécessaires et nous savons d'ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées au terme de cette période", écrivent les soignants, expliquant écrire la tribune "dans un but d'information et d'alerte légitime de nos concitoyens, de nos futurs patients et de leurs familles".
"Nous serons contraints de faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles"
"Nous serons contraints de faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles", alertent les 41 signataires, précisant que "ce tri concernera tous les patients, Covid et non Covid, en particulier pour l'accès des patients adultes aux soins critiques". Nous sommes à l’heure actuelle dans une "situation de médecine de catastrophe où il y aura une discordance flagrante entre les besoins et les ressources disponibles".
"Trahir le serment d'Hippocrate"
"Nous n'avons jamais connu une telle situation, même pendant les pires attentats subis ces dernières années", poursuivent-ils ajoutant espérer pouvoir utiliser tous les leviers possibles pour éviter la saturation des lits de réanimation dans les 39 hôpitaux de Paris "en utilisant toutes les ressources humaines et matérielles disponibles, en procédant à des évacuations sanitaires au maximum des possibilités".
Nous ne pouvons rester silencieux sans trahir le serment d'Hippocrate que nous avons fait un jour.
Les soignants expliquent par ailleurs que le "tri des patients a déjà commencé puisque des déprogrammations médicales et chirurgicales importantes nous ont déjà été imposées et que nous savons pertinemment que celles-ci sont associées à des pertes de chances et des non-accès aux soins pour certains patients" et que ces déprogrammations vont s’intensifier dans les prochains jours. Face à la montée des admissions en réanimation dans les établissements franciliens, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France leur a demandé en milieu de semaine de "d'anticiper une montée en charge du nombre de lits" afin d'atteindre l'objectif de 2200 lits en réanimation. Cela reviendrait à déprogrammer 80% des soins et des opérations chirurgicales déjà prévues dans ces établissements.
"Nous, médecins impliqués dans la prise en charge des victimes graves de la pandémie, affirmons que nous serons présents auprès de tous les patients et de leurs familles pour les prendre en charge quelles que soient les difficultés de nos conditions d'exercice car c'est notre missioN. Nous ne pouvons rester silencieux sans trahir le serment d'Hippocrate que nous avons fait un jour", concluent les soignants.