Accusations de viols à AgroParisTech : "Le nombre de signalements nous a choqués"

Dix-sept étudiants de l'école AgroParisTech affirment avoir subi un ou plusieurs viols dans une enquête interne publiée par l'école ce lundi. Des chiffres alarmants pour l'administration qui met en place des dispositifs d'écoute et d'accompagnement des victimes depuis plusieurs années.

L'enquête lancée en décembre dernier a fait remonter plusieurs centaines de cas d'agressions sexistes et sexuelles au sein de l'école. "Le nombre de signalements nous a choqués". Pour Morgane Marcille, co-responsable de la cellule Agro de sensibilisation et d'information sur la sexualité (Cassis), le constat est alarmant. Les conclusions d'une enquête interne menée par la cellule étudiante d'AgroParisTech recensent 17 signalements pour viol au sein de l'école agronome parisienne. 

Le rapport relatif à cette enquête, publié ce lundi, fait état de plusieurs centaines de cas d'agressions sexistes et sexuelles rapportés par les étudiants. "Nous avons relevé plusieurs cas différents. Certains étudiants et étudiantes ont dit avoir été victimes des propos discriminatoires ou à connotation sexuelle, 131 personnes déclarent avoir été victimes d'agressions sexuelles et 17 affirment avoir été violées une ou plusieurs fois durant leur scolarité", souligne Siham Lachgar, co-responsable du dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles à AgroParisTech, grande école d'ingénierie parisienne. 

Concernant les lieux dans lesquels se déroulent ces comportements, elle relève qu'ils ont lieu le plus souvent en milieux festifs ou professionnels lors des stages des étudiants. Parmi les personnes mises en cause se trouvent principalement des étudiants, mais aussi des enseignants et des membres du personnel administratif.

Un questionnaire pour recenser les témoignages 

C'est à l'initiative du collectif Cassis qu'une enquête a été lancée en décembre 2021. "Nous souhaitions recueillir le ressenti des étudiants sur l'ambiance dans l'école, en particulier sur les questions liées à la sexualité", explique sa co-responsable. En passant par le biais d'un questionnaire, les étudiants ont tenté de libérer la parole de leurs camarades. "L'idée était d'avoir des questions assez larges sans utiliser des termes trop crus afin que chacun puisse s'exprimer librement et se sentir en sécurité s'ils souhaitaient évoquer leur expérience", précise-t-elle. 

L'association qui vise à sensibiliser les étudiants sur la problématique des violences à caractère sexiste et sexuelle reconnaît que le questionnaire a permis une libération de la parole des victimes présumées. C'est la deuxième enquête de ce type qu'elle menait depuis 2019. "Depuis le début de l'année, un seul cas de viol était remonté jusqu'à l'administration. Nous avons reçu plus de 500 réponses complètes au questionnaire. Cela nous a permis d'avoir un panorama plus global de a situation. Nous réfléchissons maintenant en fonction de ces réponses aux solutions d'accompagnement à apporter aux personnes concernées", indique Morgane Marcille.

"On assiste à une libération de la parole mais aussi de l'écoute" 

De son côté, la direction de l'école a mis en place des dispositifs d'accompagnement des étudiants et étudiantes. "Notre but est d'écouter ceux et celles qui souhaitent se livrer sur leurs expériences afin de pouvoir les diriger de la meilleure manière possible vers les structures d'aide psychologiques et juridiques adéquates à leur situation", note Siham Lachgar, la co-responsable de dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

"Pour accompagner la libération de la parole des victimes, nous devons opérer à une libération de l'écoute. Ceci permet de créer un climat qui facilite ensuite leur propension à oser prendre la parole", explique-t-elle.

 À ce titre, AgroParisTech a mis en place en 2019, une cellule d'écoute destinée aux étudiants victimes de violences sexistes et sexuelles. "Les résultats de l'enquête vont nous permettre de tirer un bilan des capacités de cette cellule afin de l'améliorer et de faciliter la prise de parole des victimes". En outre, la campagne de sensibilisation au sein de l'école passe également par un volet formation. 

"Dès leur arrivée, les étudiants de première année doivent obligatoirement assister à une séance en amphithéâtre consacrée à la problématiques de ces violences." Quant aux sanctions qui pourraient être appliquées contre les personnes visées, la co-responsable de la cellule explique qu'il peut s'agir, soit d'une annulation de diplôme, soit d'un renvoi de l'école selon la gravité des faits reprochés.

Suite aux résultats de l'enquête, la direction a saisi le procureur de la République. 

Depuis début 2022, des cas d'agressions sexuelles et sexistes ont été relevés dans plusieurs autres grandes parisiennes comme l'école d'ingénierie Centrale et celle de Polytechnique. "Ces cas à répétition reflètent un problème de société qu'il convient de traiter à travers l'accompagnement permanent et l'écoute des victimes", conclut Siham Lachgar.                                                  

     

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