Accusé de harcèlement sexuel, Baupin démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée

Le député écologiste Denis Baupin a démissionné lundi de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale quelques heures après avoir été mis en cause par des élues écologistes pour "harcèlement" ou "agression sexuelle", des accusations qu'il conteste.

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Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone avait demandé un peu plus tôt à M. Baupin de démissionner de sa fonction après la révélation lundi par Mediapart et France Inter de ces faits présumés, couverts pour la plupart par la prescription et émanant de témoignages de huit victimes.

D'abord silencieux, Denis Baupin, qui a récemment quitté EELV et est par ailleurs l'époux de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, a finalement réagi à travers un communiqué de ses avocats affirmant que les allégations étaient "mensongères, diffamatoires et qu'elles ne reposent sur aucun fondement". "M. Denis Baupin conteste fondamentalement l'idée de harcèlement sexuel et plus encore d'agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers".

Consultez le communiqué de presse

Parmi les élues dénonçant son comportement, Sandrine Rousseau, porte-parole d'EELV, a raconté des faits remontant à octobre 2011 lors d'une réunion du parti écologiste à Montreuil. "J'ai voulu faire une pause", a-t-elle raconté sur France Inter. "Denis Baupin est venu. Il m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m'embrasser. Je l'ai repoussé violemment". Elle précise en avoir immédiatement parlé à un membre du parti qui lui a répondu: "Ah? Il a recommencé".

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Députée du Calvados, Isabelle Attard raconte de son côté du "harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces. Il y avait des moments où on n'en avait plus, c'était par salves". L'élue fait remonter ces faits de juin 2012 à son départ d'EELV, fin 2013, et affirme qu'elles étaient "plusieurs députées à recevoir le même SMS".

"Beaucoup se sont tues pour ne pas blesser sa compagne", explique de son côté Elen Debost, membre d'EELV adjointe au maire du Mans. Sur Twitter, elle critique "l'omerta et les petits arrangements entre amis", alors que le député François de Rugy s'est dit "abasourdi" par la nouvelle.

"Mettez du rouge" une campagne destinée à s'engager contre les violences faites aux femmes



Elle confie avoir décidé de parler en tombant sur la photo de plusieurs députés les lèvres maquillées de rouge pour protester "contre les violences faites aux femmes" le 8 mars et sur laquelle figurait Denis Baupin. "Prise de nausée, j'ai vomi", explique Elen Debost dans une lettre adressée à la direction du parti.

Ses rivaux démentent toute manoeuvre politique

Plusieurs membres d'EELV ont reconnu lundi ne pas être surpris ou tout au moins n'ont pas protesté de l'innocence du député. "C'était très, très connu dans le parti", a assuré lundi à l'AFP un collaborateur des députés du groupe écologiste à l'Assemblée. "J'étais au courant que Denis avait un comportement disons un peu lourdingue avec les femmes, je n'avais pas idée qu'il allait aussi loin", a déclaré le conseiller de Paris EELV, Yves Contassot, sur RMC.

Actuel secrétaire national par intérim, David Cormand a dit sur France Inter être "très reconnaissant aux femmes qui ont été victimes de ces agissements d'aujourd'hui le dire". Il a nié tout calcul politique alors que les écologistes sont en plein déchirement entre progouvernements, comme M. Baupin, et antigouvernements. "Quel que soit le moment où on le fait, il y a forcément "ah oui, mais c'est fait pour ceci, c'est tactique, c'est parce que il y a cela". Non. Dès qu'on en a connaissance et dès qu'on a le courage de le dire, il faut le faire", a-t-il argumenté.

Après l'appel "Bas les pattes" où des journalistes dénonçaient il y a un an le sexisme des politiques, une pétition a été lancée lundi par la féministe Caroline de Haas intitulée "Violences sexuelles en politique, levons l'omerta". Osez le féminisme a rappelé de son côté que "penser que l'affaire Denis Baupin est isolée est une erreur: depuis plusieurs années, des hommes politiques ont été impliqués dans des affaires de violences machistes", citant notamment Dominique Strauss-Kahn et Georges Tron.

 

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