Agression du jeune Yuriy en 2021 : huit jeunes devant la justice

Alors que quatre adolescents ont déjà été condamnés en mars à des peines allant jusqu'à deux ans et demi de prison ferme, huit jeunes hommes soupçonnés d'être impliqués dans le passage à tabac du jeune Yuriy à Paris début 2021 sont jugés à partir de ce lundi devant la cour d'assises des mineurs.

Un procès à huis clos. Près de trois ans après l'agression du jeune Yuriy, huit jeunes sont jugés dès ce lundi devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Il s’agit du second procès de cette affaire révélatrice des rivalités entre bandes.

Les faits remontent au 15 janvier 2021 : Yuriy, collégien français né en Ukraine qui s'apprêtait à fêter ses 15 ans, avait été roué de coups sur la dalle du centre commercial de Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement. L'agression, qui avait duré plusieurs minutes, avait été stoppée par les cris d'un homme à sa fenêtre. La victime avait été transportée à l'hôpital dans un état grave, son pronostic vital étant alors engagé.

La vidéo du passage à tabac, devenue virale, avait suscité le vif émoi de célébrités, tels l'acteur Omar Sy et le footballeur Antoine Griezmann, et jusqu'au sommet de l'Etat.  Les images, d'une vingtaine de secondes, montrent une dizaine de jeunes s'acharner à coups de pieds, de béquilles et de marteau sur Yuriy, alors au sol, avant de l'abandonner sur la dalle.

Quatre adolescents, âgés de 14 et 15 ans au moment de l'agression, ont déjà été condamnés en mars par un tribunal pour enfants à des peines allant jusqu'à deux ans et demi de prison ferme.

Devant la cour d'assises des mineurs de Paris, huit mis en cause qui avaient au moins 16 ans lors des faits - six mineurs et deux majeurs de 18 ans à l'époque - doivent à présent s'expliquer. Un treizième jeune, initialement renvoyé devant cette cour, a finalement bénéficié d'un non-lieu, faute de charges suffisantes.

"Un acte de vengeance"

Selon les investigations, ce déchaînement de violences serait "un acte de vengeance" en réponse à l'agression d'un autre jeune lors d'une rixe cinq jours plus tôt, près de la dalle du centre commercial de Beaugrenelle. Le demi-frère et le cousin de ce dernier figurent parmi les adolescents mis en cause pour le passage à tabac de Yuriy.

Les enquêteurs les soupçonnent d'avoir fait partie de deux bandes rivales, celle du "plateau de Vanves", commune jouxtant le 15e arrondissement de Paris, et celle surnommée "RD4" pour la "rue des 4 Frères Peignot", près de Beaugrenelle.

Yuriy s'était défendu d'appartenir à une "bande", expliquant qu'il existait bien un "groupe RD4" dont les membres étaient ses amis. Le jour de son lynchage, il avait un tournevis dans sa poche, pour se prémunir de "possibles représailles". S'il admettait avoir été présent lors de la première agression, cinq jours avant la sienne, il assurait ne pas y avoir participé. Entendu comme témoin, il "n'a jamais été mis en cause" dans ce dossier, avait souligné son avocat, Me Francis Szpiner.

Selon les éléments de l'enquête, la "descente" sur la dalle de Beaugrenelle le 15 janvier 2021 s'était organisée sur les réseaux sociaux. Avant et après le passage à tabac de Yuriy, certains membres de la bande avaient fait des selfies, exhibant des armes ou écrivant pour l'un d'eux comme commentaires "le taf est fini", "je lèche son sang". Les mis en cause qui ont fini par reconnaître avoir asséné des coups se sont toujours défendus d'avoir eu la volonté de tuer Yuriy.

Parmi les huit jeunes renvoyés devant les assises des mineurs, aujourd'hui tous majeurs, six le sont pour tentative de meurtre, un pour complicité et un pour participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre des violences. Celui que l'instruction désigne comme le plus impliqué, accusé d'avoir porté des coups de marteau sur la tête de l'adolescent, "expliquera son comportement devant les juges", a indiqué à l'AFP son avocat, Me Yassine Bouzrou.

Yuriy et sa mère, parties civiles au procès, veulent eux "que la cour d'assises juge ces faits pour ce qu'ils sont : une tentative de meurtre", selon Me Francis Szpiner. Le procès doit durer jusqu'au 22 décembre.

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