Des dizaines de millions d'euros ont permis de restaurer l'extérieur de la plus grande église de Paris. À l'intérieur, l'une des chapelles de l'édifice situé dans le 6e arrondissement est en train de renaître, consacrant 10 ans d'effort pour redonner sa splendeur à l'église Saint-Sulpice.
À quoi reconnaît-on un évènement sportif d'ampleur en Île-de-France ? Réponse des maîtres conservateurs de la Ville de Paris : au nombre de fidèles français et étrangers qui viennent déposer un cierge dans l'église Saint-Sulpice pour soutenir leur équipe.
La plus grande église de Paris (elle possède 2 500 places assises contre 1 500 pour Notre-Dame) est très visitée, et pas seulement les soirs de match. Achevée en 1731 (après près d'un siècle de travaux), l'église a toujours fière allure. Pourtant, elle vieillit. Mi-juin, une pierre du toit est tombée, heureusement freinée par un filet de protection.
"Certains éléments, surtout de maçonnerie, peuvent s'altérer avec le temps", explique Christophe Couard, responsable de la gestion des édifices cultuels et historiques de la Ville de Paris.
Des études ont été lancées pour savoir si l'ensemble de la corniche doit être refaite : "Toutes les corniches que vous voyez, elles sont très travaillées. Donc remplacer ne serait-ce qu'un élément de corniche, en termes d'installation et de compétences, c'est onéreux", poursuit-il.
Au fil des années, les compétences et le savoir-faire des restaurateurs ont évolué, s'est amélioré. Plus question d'utiliser du béton et du ciment qui cohabite mal avec la pierre : "Le béton reste dur et la pierre se fragilise avec éventuellement des infiltrations. L'eau va alors se mettre derrière les joints et la pierre se déliter avec", indique-t-il.
Ainsi, entre 2006 et 2011, la tour nord de l'église a été complètement refaite pour un coût avoisinant les 28 millions d'euros.
L'intérieur sera beaucoup plus clinquant
À l'intérieur, les chantiers sont titanesques. Il faut bien dire que l'église peut être comparée à un véritable musée. Les peintures de la chapelle Saint-Joseph viennent d'être rénovées : Le Songe de Saint-Joseph et La Mort de Saint-Joseph peintes par Charles Landelle (1821-1908).
Auparavant, en 2016, les trois peintures monumentales de la chapelle des Saints-Anges de Delacroix, dont la "Lutte de Jacob avec l'ange", avaient également bénéficié d'une restauration d'ampleur.
Désormais, c'est au tour des chapelles de la Vierge et Sainte-Jeanne d'Arc. Les travaux de la première ont débuté et doivent se terminer d'ici aux Jeux olympiques de Paris-2024. La chapelle de la Vierge n'a pas été rénovée depuis 1947 et le principal travail des restaurateurs et de la dépoussiérer, d'enlever les couches de crasses qui se sont accumulées au fil des années.
Une restauration qui va durer un an et qui coûte 2,2 millions d'euros (notamment financé par un don de la famille Pinault d'1,5 millions d'euros).
"Il faut savoir que la première pierre de l'édifice a été posée par Anne d'Autriche en 1646, c'était la première pierre de la Chapelle de la Vierge. Ensuite, les artisans sont allés progressivement vers la façade, la partie la plus tardive", raconte Véronique Milande, conservatrice en chef du patrimoine à la Ville de Paris.
Plusieurs dizaines d'années seront nécessaires pour qu'elle soit achevée, notamment en raison d'un manque de financements. C'est finalement François Lemoyne qui sera chargé, entre 1730 et 1732, de la peindre.
Restauration durable
Mais la technique utilisée (une fresque sur enduit) ainsi que deux incendies et la chute d'un obus lors de la guerre franco-prussienne auront raison de cette œuvre. Les frères Maillot sont alors chargés de la restaurer. Ils ajoutent des éléments de leur propre composition.
"Vous voyez les incisions ? Ce qu'a fait Lemoyne, c'est qu'il mettait son enduit de chaux et quand c'était encore frais, il incisait tous les contours pour avoir son dessin et ensuite il peignait directement, tout cela dans la journée. C'était une technique très compliquée", précise Delphine Burgart, restauratrice.
Une restauration qui va permettre "d'avoir un très bon vieillissement", selon les mots de la restauratrice. Sauf si la chapelle subit des infiltrations d'eau de l'extérieur, ou qu'il lui arrive encore une mésaventure.