Le parcours a été complètement réorganisé. Plus question de salles thématiques mais d'un parcours chronologique qui débute à la fin de l'Antiquité et se termine au XVIe siècle avec une volonté de rendre compréhensible les grands mouvements du Moyen Âge.
Il y a encore quelques années, les touristes et passants pouvaient surtout être frappés par les nombreux chats qui se baladaient au milieu des ruines romaines situées dans le Ve arrondissement de Paris.
Après 9 ans de travaux, l'ensemble a été réorganisé et un nouvel édifice construit qui permet de visiter autrement le musée qui rouvre ses portes ce jeudi 12 mai. "C'est un bâtiment qui a été construit sur un périmètre tout petit, de 16 mètres sur 16 mètres. Il est l'œuvre de l'architecte Bernard Desmoulin. Il y avait une contrainte forte. Il a travaillé sur des micropieux, qui perforent, sans endommager la couche archéologique, de sorte qui si un jour on avait besoin d'enlever ce bâtiment pour faire une fouille de grande ampleur, nous puissions le faire", indique Séverine Lepape, directrice du Musée national du Moyen Âge - thermes et hôtel de Cluny.
Parcours chronologique
Car le lieu, qui longe les boulevards Saint-Michel et Saint-Germain, est chargé d'histoire. En -52, Jules César conquiert la ville celtique des Parisii, renommée Lutèce par les Romains. "Ces derniers y diffusent leur mode de vie et notamment la pratique des bains dans des thermes publics. Un grand complexe est édifié à la fin du Ier siècle dans la partie nord de Lutèce, sur 6000 m² et 3 niveaux", explique un document du musée.
Au XVe siècle, y est adossée la résidence des abbés de Cluny avant que le tout ne devienne un musée au milieu du XIXe siècle. C'est à ce moment qu'est construit "une adjonction façon pastiche romain".
Désormais, le visiteur commence son parcours par le début : le frigidarium. "Il fallait que le visiteur sache où il est, ce qu'il vient voir et le discours qu'on lui propose. Dans l'ancien musée, le discours était devenu difficile à comprendre. Il dépendait d'un livre réglementaire, écrit par le prévôt de Paris, Etienne Boileau. On prenait les métiers, les uns après les autres et on disait comment chaque métier fonctionnait. Chaque salle montrait un aspect de ce livre des métiers. Aujourd'hui, le fil directeur, c'est la chronologie", explique Damien Berné, conservateur au musée.
"Auparavant, celui qui voulait voir les vitraux de la Sainte-Chapelle allait dans la salle des vitraux. Celui qui voulait voir les apôtres de la Sainte-Chapelle allait dans la salle de sculptures gothiques et celui qui voir le petit reliquat allait dans la salle d'orfèvreries. C'était très intéressant, mais maintenant on peut vraiment parler de la Sainte-Chapelle au musée national du Moyen Âge", indique de son côté Séverine Lepape, la directrice du musée.
Rénovation des salles
En tout, le chantier a coûté plus de 23 millions d'euros. À l'intérieur, de nombreuses salles ont été restaurées. C'est notamment le cas de la chapelle de l’hôtel de Cluny qui a été nettoyée de fond en comble, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur : ses façades, ses vitraux et ses décors peints et sculptés. Le plafond a été repeint pour retrouver son aspect original.
"C'était l'un des rares musées à n'avoir fait l'objet d'aucune rénovation d'ampleur depuis la Seconde Guerre mondiale. Rien n'était accessible. Avec cette nouvelle entrée, on était obligé de reprendre notre parcours. Il était organisé par grande famille de production, de métiers du Moyen Âge", poursuit Séverine Lepape.
Un important effort a été fait pour rendre le musée accessible aux personnes à mobilités réduites. Il a fallu supprimer les 28 dénivelés qui rendaient impossible un fauteuil roulant ou une poussette.
La star du musée, la tenture de la Dame à la licorne, est toujours là. Et sa légende aussi : "elle dormait dans un château de la Creuse avant d’être repérée par George Sand et sauvée en 1841 par Prosper Mérimée, alors jeune inspecteur des Monuments historiques", raconte le musée.