Selon le procureur de la République antiterroriste, Armand R. a enregistré une vidéo avant l'attaque où il prête allégeance au groupe État islamique. L'assaillant a été interpellé samedi soir après une attaque au couteau à Paris.
Les premiers éléments de l'enquête indiquent une radicalisation de l'auteur de l'attaque au couteau qui a eu lieu près de la tour Eiffel à Paris ce samedi peu avant 21h30.
Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, a indiqué lors d'une conférence de presse ce dimanche qu'il avait "enregistré une vidéo avant de passer à l'acte". Dans ce film, il s'exprimait "en langue arabe et se présentait comme étant Abou Talha al-Khurasani ce qui constitue une référence à l'organisation terroriste État islamique agissant actuellement à partir de l'Afghanistan" et "prêtait allégeance à l'État islamique".
"Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter)", ouvert début octobre et qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine", selon le magistrat.
Fin octobre, sa mère "avait signalé son inquiétude", elle expliquait que "son fils se repliait sur lui-même."
Le procureur de la République indique par ailleurs que les personnes blessées au marteau (un Français et un Britannique) ont été soignées et sont rentrées à leur domicile. Deux autres personnes qui accompagnaient l'homme tué sont "particulièrement choquées" et toujours suivies médicalement.
Le parquet national antiterroriste s'est saisi et a ouvert une enquête des chefs d'"assassinat en relation avec une entreprise terroriste", "de tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et d' "association de malfaiteur terroriste en vue de la préparation de crime d'atteinte aux personnes".
Condamné une première fois en 2018
Armand R., un jeune français a été interpellé samedi après avoir tué un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en être pris armé d'un marteau à deux autres personnes, dont un Britannique près de la tour Eiffel.
Né à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, de parents réfugiés iraniens, l'homme de 26 ans avait déjà été interpellé en 2016 pour un projet d'attaque visant le quartier d'affaires de la Défense.
Alors étudiant en biologie, il avait formé le projet de rejoindre le groupe État islamique en zone irako-syrienne et entretenait des contacts avec "trois terroristes récidivistes", d'après le tribunal de Paris qui l'a jugé en mars 2018. Avant, "il n'avait jamais fait parler de lui" et n'avait aucune mention au casier judiciaire.
Dans ce dossier, Armand R. a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis et mise à l'épreuve pendant trois ans, et en était sorti en 2020 après quatre ans de détention, ont précisé des sources proches du dossier. Connu pour troubles psychiatriques et fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), il avait suivi un traitement médical psychiatrique tout au long de sa détention et après sa sortie, où il était placé sous contrôle judiciaire et sous Micas, un dispositif administratif assorti de mesures visant à prévenir des actes de terrorisme.
"Les premiers mois étaient encourageants", il semblait s'être "détaché de la religion" après sa remise en liberté, selon une source sécuritaire.
Il avait arrêté son traitement
Dans un décret de naturalisation publié au Journal officiel en 2002, il est présenté avec le prénom "Iman", mais dans la sphère djihadiste il se faisait appeler "Amine" et demandait à ses parents de l'appeler ainsi.
En mars 2022, il avait arrêté son traitement médicamenteux (neuroleptique), en accord avec son médecin, selon une source proche de l'enquête. Mais en août 2022, une expertise psychiatrique avait conclu à une injonction de soins, ce qui avait été ordonné le septembre de la même année par un juge, selon la même source.
Dans ses rapports successifs, le médecin coordonnateur n'avait pas conclu à la nécessité de reprendre un suivi médicamenteux. Le 21 avril dernier, il notait "aucune dangerosité d'ordre psychiatrique identifiée".