Attentat raté aux bonbonnes de gaz en 2017 : quatre hommes devant la justice

La cour d'assises spéciale de Paris va juger à partir de ce mardi 7 juin trois hommes accusés d'avoir voulu perpétrer un attentat dans un immeuble du XVI arrondissement de Paris. Un quatrième est soupçonné d'avoir volé une voiture ayant servi à l'attentat raté.

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Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2017, un habitant du 31 de la rue Chanez, dans le XVIe arrondissement de Paris, fait une inquiétante découverte dans le hall de son immeuble : quatre bonbonnes de gaz aspergées d'essence.

Aussitôt prévenue, la police met la main au même endroit sur quatre seaux et un jerricane contenant plus de 30 litres d'essence, des sacs à gravats et un dispositif de mise à feu composé d'un téléphone portable et de câbles électriques.

Les enquêteurs établissent ensuite que ce détonateur a été actionné à neuf reprises. Mais, en raison d'une probable défaillance ou de l'intervention du locataire, l'explosion n'a pas eu lieu, épargnant la vie de la vingtaine d'habitants de cet immeuble haussmannien.

Trois hommes, soupçonnés d'être les auteurs de cet attentat raté et d'adhérer à l'islamisme radical, vont être jugés par la cour d'assises spéciale de Paris à partir de mardi et jusqu'au 24 juin.

Deux cousins jugés

Les premiers indices mettent les policiers sur la piste de deux cousins : Aymen Balbali, un Parisien de 34 ans parfois surnommé "Daesh", et Sami Balbali, 37 ans, né dans le Val-de-Marne et gérant d'une société de transport.

Incarcérés depuis octobre 2017, tous les deux sont poursuivis, entre autres, pour tentative d'assassinat et de terrorisme.

Leur ADN a été repéré sur des objets retrouvés rue de Chanez. Aymen Balbali a également été confondu par six achats, dont quatre la veille de l'attentat avorté, de 130 litres de carburant. L'enquête a établi qu'Aymen Balbali, ancien chauffeur de taxi, avait une pratique rigoureuse de l'islam et une addiction aux images de propagande terroriste. Il partage avec son cousin, selon les enquêteurs, des convictions djihadistes.

Près de cinq ans après les faits, le projet d'attentat dont ils sont accusés et la présence du dispositif explosif rue Chanez restent toutefois largement inexpliqués.   Pendant l'enquête, Aymen Balbali a évoqué l'idée de brûler "une mosquée homosexuelle" localisée, selon ses dires, dans le XVIIIe ou XIXe arrondissement de la capitale. Mais aucun élément recueilli par les enquêteurs n'a confirmé cette piste.    

Un troisième homme au rôle trouble

Un troisième homme comparaîtra à leurs côtés devant la cour d'assises spéciale de Paris : Amine Abbari, natif des Ulis (Essonne), à la personnalité décrite comme complexe, manipulatrice et particulièrement prudente.

Cet homme de 35 ans au passé trouble avait été placé en garde à vue dès 2013 pour ses liens présumés avec le groupe Forsane Alizza, qui prônait le djihad armé, et fiché S dans la foulée.

Il s'autoproclame aujourd'hui informateur et s'attribue de multiples collaborations avec différents services de police. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait effectivement initié fin 2016 une procédure de recrutement, mais elle ne s'est jamais concrétisée.

Les enquêteurs se sont un temps demandé si Amine Abbari n'avait pas piloté à distance l'opération de la rue Chanez.

Mais les chefs de complicité de tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste retenus contre lui ont été abandonnés. Il n'est poursuivi que pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime d'atteinte aux personnes.

Un quatrième homme, cousin éloigné des Balbali, sera jugé avec eux pour répondre du vol présumé de la voiture utilisée pour transporter le dispositif explosif.

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